Ulcan / police : un proche de la LDJ en charge de l'enquête ?

La rédaction - - 0 commentaires

"Je crois être dans un film d'horreur".

Interviewée sur Beur FM jeudi 2 octobre, Sihem Souid, chargée de mission auprès du ministère de la justice (bien connue des @sinautes, puisque nous l'avions reçue en 2010), a raconté son calvaire depuis que le hacker ultra sioniste Grégory Chelli (alias Ulcan) l'a prise pour cible, multipliant les messages téléphoniques malveillants (fin septembre, ses parents s'étaient retrouvés au poste de police à la suite d'un des appels d'Ulcan, comme nous vous l'expliquions).

Reprenant les soupçons de Pierre Haski, fondateur de Rue89, victime lui-aussi d'Ulcan, Souid se demande même si Chelli bénéficie de soutiens... dans la police française. "La semaine dernière, on m'envoie un policier de la DDSP du 94 pour qu'il puisse enregistrer tous les messages vocaux que m'a laissé Ulcan où il me menace de mort (...) J'apprends [que ce policier] s'appelle, monsieur Thooris. Je ne savais pas que monsieur Thooris était dénoncé sur les réseaux sociaux en tant qu'ami d'Ulcan. Je crois être dans un film d'horreur", explique Souid sur Beur FM.

Michel Thooris ? Dans un article publié en 2011, LeMonde.fr le présente comme un "conseiller police de Marine Le Pen". Il a participé à la fondation du syndicat "Action Police CFTC", un syndicat qui "s'est rapproché de plusieurs associations de la communauté juive après les émeutes en banlieue de novembre 2005 et le meurtre d'Ilan Halimi début 2006, considérant que ces associations étaient les seules à pouvoir faire barrage à la menace de 'l'islamisation' de la France dénoncée par Philippe de Villiers", notait Libération en 2007. En décembre 2011, il accompagne Louis Alliot, numéro 2 du FN, au cours d'un voyage en Israël et se fait remarquer par ses propos :"Les juifs sont chez eux en Judée et Samarie", avait-il déclaré à l'AFP en utilisant le terme des Israéliens pour désigner la Cisjordanie occupée."Cette position n'engage ni Marine Le Pen, ni le Front national", avait aussitôt rectifié Alliot.

LeMonde.fr précise par ailleurs que Thooris est "proche de l'extrême droite israélienne" et "a pris à plusieurs reprises la défense de la Ligue de défense juive (LDJ)". "Pourquoi la communauté juive n'aurait-elle pas le droit de se défendre ? (...) La LDJ et Betar (...) accomplissent une mission de service public en défendant les personnes et les biens", aurait-il déclaré, dans une citation non datée par LeMonde.fr. Une citation qui figurerait dans un communiqué du syndicat Action Police CFTC, en date du 5 juin 2006, selon le site d'extrême droite d'Alain Soral. C'est cette citation qui a été reprise un peu partout sur les réseaux sociaux et qui assimile aujourd'hui Thooris à la LDJ. Un rapprochement problématique dans le cadre de l'affaire Ulcan, ex-membre de la LDJ.

Au hasard d'une recherche sur internet, Souid fait la connexion entre la LDJ et ce policier

Contactée par @si, Sihem Souid nous raconte comment elle a découvert les liens entre ce policier et la LDJ :"C'est le commissariat de Choisy-le-Roi qui gère mes plaintes, nous explique-t-elle. Le 23 septembre, une brigadière a pris ma plainte car j'ai reçu plus d'une centaine de messages vocaux sur mon répondeur, dans 80% des cas, ce sont des menaces ou des insultes d'Ulcan, et dans 20% des cas, ce sont des gens de ViolVocal [le site d'Ulcan] qui habitent en France. Cette brigadière m'a alors dit qu'elle n'avait pas les moyens informatiques pour copier tous mes messages. Donc elle a appelé le service informatique de la DDSP 94 et le lendemain, je me suis rendu dans le bureau de Michel Thooris. Il a eu un discours bizarre en me disant : "Je ne comprends pas pourquoi vous ne discutez pas avec Ulcan". Ensuite, il m'a dit que les hackers israéliens étaient très bons et que [la France] les recrutait, et qu'il s'excusait, mais la France ne pourrait sans doute jamais l'arrêter".

Sihem Souid sur notre plateau en 2010

Après cette discussion, le policier a copié tous les fichiers. Ce n'est que quelques jours plus tard, au hasard d'une recherche sur internet, que Souid découvre son identité : "Lundi soir, Ulcan a hacké ma boite mail. C'est terrible, il va lire mes conversations privées. J'ai alors fait une recherche le soir-même sur Twitter avec mon téléphone et je tombe sur un tweet qui parle de Grégory Chelli et Michel Thooris". Un tweet publié le 14 août dernier et qui sous-entend qu'Ulcan obtient les fiches de police (notamment celle de Pierre Haski) grâce à un certain "Michel Thooris".


Un choc pour Sihem Souid. Certes, elle reconnaît que ses messages vocaux ont bien été transmis au procureur et que Thooris n'est pas le principal policier qui s'occupe de l'enquête. "Mais il y a un véritable conflit d'intérêts", déplore Souid. Ironie de l'histoire, ce n'est pas la première fois que Souid croisait Thooris. En 2010, lors de la publication de son livre très critique sur la police (à l'époque, elle était adjointe à la sécurité), elle avait débattu sur Beur FM avec un policier. Thooris Michel.

Ces dernières semaines, Ulcan a attaqué plusieurs sites d'information, dont @si. Nous avons consacré notre émission de rentrée à cette affaire avec notamment Benoît Le Corre, le journaliste de Rue89 harcelé par Ulcan à cause d'un article et dont le père vient de décéder à la suite d'une crise cardiaque survenue quelques jours après plusieurs coups de fil malveillants d'Ulcan.

Lire sur arretsurimages.net.