Ukraine / néonazis : clash Guetta-Philippot (France Inter)

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires


Ambiance houleuse dans la tranche matinale de France Inter. Lorsque le vice-président du Front national Florian Philippot, invité par la radio publique, a évoqué l’extrême droite nazie au pouvoir en Ukraine, le chroniqueur géopolitique Bernard Guetta s’est emporté en assurant que l’extrême droite ukrainienne s’était écroulée lors des dernières élections. Qui a raison ? Un peu les deux.

On appelle ça un clash. Ce matin, à l’occasion des questions des auditeurs, l’animateur de France Inter Patrick Cohen a interrogé son invité, le vice-président du Front national Florian Philippot, sur la question ukrainienne. Ce dernier a alors assuré à l’animateur qu’"il y a deux Ukraine. L'extrême droite nazie, c'est elle qui est au pouvoir, vous confondez". Fureur de Bernard Guetta, chroniqueur en charge de la géopolitique et présent sur le plateau : "vous ne pouvez pas dire ça. Aux dernières élections, l'extrême droite ukrainienne représentait moins que l'extrême droite en France ! Arrêtez de dire que l'Ukraine serait gouvernée par des nazis, c'est n'importe quoi" s’agace le chroniqueur avant d’assurer que, selon les résultats électoraux, l’extrême droite s’est écroulée à moins de 5%. S’ensuit alors une passe d’armes  retranscrite notamment par le site Ozap. Guetta finit par demander à Cohen de faire taire Philippot, lequel réplique que ce n’est pas vraiment dans l’esprit du 11 janvier.


Au-delà du clash, qui a raison ? L’extrême droite est-elle effectivement au pouvoir en Ukraine ou les dernières élections ont-elles sorti du gouvernement les membres néonazis issus notamment du Parti Svoboda ? "La vérité est entre les deux" répond Olivier Berruyer qui suit l'actualité de la crise mais aussi l’actualité ukrainienne sur son blog les-crises.fr et qui fut l'un des nos invités à notre émission sur l’Ukraine. Si on s’en tient aux résultats des dernières élections, les législatives du mois d’octobre, Svoboda est en effet passé sous la barre des 6% – et non 5% comme l’affirme Guetta – un score trop faible pour avoir des députés au parlement. En 2012, ils étaient près d’une quarantaine. De même, tandis que le gouvernement a compté jusqu’à six ministres issus du même parti, il n’en reste aujourd’hui plus un seul.

Pour autant, précise Berruyer, "il sera faux d’affirmer qu’il n’y a plus d’extrême droite au pouvoir en Ukraine. D’abord, tout dépend de ce qu’on appelle extrême droite. De nombreux néonazis sont restés au pouvoir ou ont changé de parti, sans compter tous ceux qui sont clairement fascisants". Berruyer cite alors Andrew Parubiy, cofondateur de Svoboda et aujourd’hui vice-président du Parlement ou encore Oleg Lyashko, président du parti radical et député, par ailleurs chef du bataillon "Ukraine" et accusé par Amnesty International de kidnapping et de traitements dégradants…

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