UE : un journaliste français demande du renfort
La rédaction - - 0 commentaires35. C’est le nombre de journalistes de médias français accrédités à Bruxelles – autrement dit, un nombre largement insuffisant comme le déplore le correspondant du site Contexte Jean-Sébastien Lefebvre sur son blog. Et de demander du renfort pour couvrir l’actualité européenne.
"«Un hamster dans sa roue» est l’expression que l’on utilise régulièrement pour se définir en tant que correspondant. Et après plusieurs années de crises à répétition, autant vous dire que les rongeurs sont parfois un peu fatigués". La confession est signée du correspondant du site Contexte Jean-Sébastien Lefebvre qui, dans un billet paru sur son blog L'expérience européenne lundi 23 mai, déplore le faible nombre de journalistes de médias français accrédités à Bruxelles : autrement dit, "même pas l’équivalent de la rédaction de l’américain Politico.eu qui dispose maintenant d’une équipe d’une cinquantaine de personnes". Une armée dont l’arrivée au cœur des institutions européennes l’an dernier avait fait l’objet d’un article sur @si.
Dans ces conditions, poursuit le journaliste, "comment imaginer qu’une trentaine de correspondants, aussi dévoués soient-ils à leur métier, puissent couvrir l’ensemble de l’actualité issue des institutions de l’UE pour un pays de 65 millions d’habitants ?" Selon Lefebvre, "bien des journaux font semblant d’ignorer que l’UE est avant tout un lieu de pouvoir, un des échelons. Une partie de la souveraineté française y a été transférée, et les décisions qui y sont prises affectent la vie des citoyens. On aime ou on n’aime pas, mais c’est un fait et la responsabilité des journalistes est d’être là où est le pouvoir. Comment s’octroyer le titre de «gardiens de la démocratie» si on en délaisse tout un pan, sous prétexte «que c’est compliqué», «que c’est loin», ou je ne sais quel argument futile."
Le journaliste de Contexte déplore également la vision idéologique qui prime sur l’actualité factuelle. Ainsi, sur la question de l’euro – voir notre dossier ici – "les journalistes bruxellois se retrouvent dans le no man’s land de la bataille politique. Vous évoquez la nécessité d’une intégration plus poussée pour combler les failles ; les militants FN vous tombent dessus en vous lançant des noms d’oiseaux. Vous expliquez pourquoi la Grèce n’a aucune chance d’obtenir telle ou telle chose, ce sont les petits soldats du Front de Gauche qui voient en vous le suppôt du FMI. Vous planchez sur les scénarios de sortie de fin de l’euro, vous êtes un alarmiste qui fait le jeu des extrêmes. Bref, dans tous les cas, vous êtes perdant et accusé d’avoir une lecture faussée de l’histoire, sous prétexte que vous vous refusez de jeter le bébé (l’UE) avec l’eau du bain (les crises)."
Enfin, Lefebvre fustige "les feux d’artifices, assez rares mais violents, quand toute la machine médiatique hexagonale s’emballe en relayant des informations erronées sur ce qu’il se trame à Bruxelles. Le dernier exemple en date est le cas du secret des affaires et de la vidéo de Nicole Ferroni". En effet, comme nous le racontions ici, le journaliste de Contexte s’était offusqué de voir la directive sur le secret des affaires étrillée par la presse française alors que le texte voté le 14 avril pose des garde-fous inexistants dans la première version.
Face au constat de sous-effectif, le journaliste demande du renfort. Ce n’est pas la première fois qu’il s’émeut des conditions de travail des correspondants à Bruxelles : dans notre enquête sur la crise grecque en juillet 2015, Lefebvre s’estimait – tout comme ses collègues – à bout de forces. Un an plus tard, la situation n’a visiblement pas évolué.
>> L’occasion de lire Crise grecque : comment les journalistes courent le marathon