Tunisie, quelques questions aux irréprochables

Daniel Schneidermann - - 0 commentaires

C'est entendu, on ne tapera jamais assez fort sur Michelle Alliot-Marie

, bourreau du peuple tunisien. On ne soulignera jamais assez l'indécence de sa proposition sécuritaire à Ben Ali, son aveuglement réactionnaire, son étroitesse d'esprit face à un peuple qui combat pour sa liberté. La gauche, l'extrême-gauche, Thomas Legrand de France Inter, la Une de Libé, n'ont pas de mots assez durs contre la ministre des Affaires Etrangères. Bravo, amis inconditionnels de la liberté !

Et le PS n'est pas le dernier. Ah, la magnifique indignation de Jean-Marc Ayrault, interpellant la ministre à l'Assemblée. Tiens, le PS. Puisqu'on parle de vous, élève Solférino, approchez-vous donc deux minutes. Ainsi donc, apprend-on, le parti RCD de Ben Ali était membre jusqu'à ces tout derniers jours de l'Internationale Socialiste ? Mais comment est-ce donc possible ? Patrick Cohen interrogeait (gentiment) Martine Aubry sur ce point, à France Inter. Aubry: oui mais nous, socialistes français, avons demandé deux fois son exclusion, dont la première fois dès 2008. On aurait aimé que Cohen, comme il s'y risque parfois, insiste un peu. Existe-t-il des traces écrites de ces demandes ? Et qui sont les puissants partis socialistes étrangers qui ont été assez influents pour s'opposer à cette demande des irréprochables socialistes français ? Et tiens, à propos, pourquoi seulement en 2008 ? Mais non. Manifestement, personne n'avait vraiment envie de creuser la question. Mais on y viendra. Et en attendant, je ne saurais trop vous conseiller de visionner l'exhortation de Cohn-Bendit au Parlement européen, qui a refusé d'ouvrir un débat sur la Tunisie, et que met en lien Jean Quatremer sur son blog. Il me semble qu'on y lit, en creux, quelques débuts de réponses aux questions ci-dessus.

Soyons justes avec France Inter: on y a entendu ce matin au moins une excellente interview, celle de Rachida Dati par Pascale Clark, qui remplace Audrey Pulvar à 7 heures 50. Pourquoi avez-vous retiré votre plainte contre Benjamin Biolay ? Pourquoi n'êtes vous pas aujourd'hui au Parlement européen, alors qu'il y a session ? (Réponse-culte: "J'ai un salon du livre des tout-petits à la mairie du 7e, toute la journée, mais j'y retourne demain." Vérification faite, l'alibi tient, on y attend même le clown Caramel). Jusqu'à la question finale. Clark: "vous avez fait les soldes ?" Dati, éberluée: "Non. Pas plus que les autres". C'était futile, sans enjeu, limite macho, mais on n'avait pas entendu quelque chose d'aussi drôle à France Inter depuis longtemps. Le jour où on interrogera sur le même ton les vrais puissants d'aujourd'hui et de demain, Sarkozy, Fillon, DSK ou Aubry, on aura bien progressé.

Lire sur arretsurimages.net.