"Tragédie" : polémique ambassade de France / journal GB
Gilles Klein - - 0 commentairesAmbassade de France contre quotidien londonien. Un article du gratuit économique City A.M. dénoncait la "
tragédie" économique française. L'ambassade de France lui a répondu en dix points. Hier des élus britanniques réagissent et ce matin City A.M. relance la polémique à la Une.
"Hollande : c'est une période difficile" titre le quotidien britannique économique gratuit londonien City A.M. (lancé en 2005, 40 pages, plus de 130 000 exemplaires quotidiens, cinq jours par semaine) Mais surtout le quotidien revient sur son article du 7 janvier dernier qui évoquait ce qu'il considère comme l'échec du socialisme en France : "L'article de City A.M. qui a provoqué une polémique diplomatique". "La France est encore la France - et tragiquement c'est pourquoi ce grand pays et ces gens merveilleux sont condamnés à décliner encore plus cette année, alors que toujours plus d'entrepreneurs français viendront s'installer à Londres dans les prochains mois. Alors que d'autres pays se redressent vigoureusement, la France décline à nouveau, son économie est en baisse et le rythme s'accèlère." estimait Allister Heath, rédacteur en chef d'A.M. |
"L'expérience française socialiste ratée se transforme en tragédie" titrait City A.M. le 7 janvier dernier.
"10 points sur lesquels City A.M. se trompe à propos de la France"répond l'ambassade de France sur son site, le 9 janvier, deux jours après l'article de City A.M. L'ambassade considère que cet article est "un mélange idéologique de préjugés et d'erreurs. Il caricature à la fois la situation actuelle en France - qui reste la cinquième plus grande économie du monde et le numéro deux en Europe, derrière l'Allemagne - et le sérieux avec lequel le gouvernement français réforme le pays." L'ambassade rappelle que la Commission européenne prévoit une croissance française de 0,2% en 2013 et de 0,9% pour 2014. Le texte répond également aux critiques sur un Etat omniprésent avec un niveau d'imposition effrayant : le système français repose sur la redistribution des richesses, et le Président veut diminuer les impôts, tout en simplifiant des contraintes administratives. |
Quand à la faiblesse du temps de travail, l'ambassade souligne que la moyenne est de 38 h par semaine en 2012 contre 36,4 en Grande Bretagne, et 35,5 en Allemagne selon l'OCDE. La représentation diplomatique répond aussi que l'Hexagone attitre les investisseurs étrangers (contrairement à ce qu'écrit City A.M.) avec 20 000 sociétés détenues par des étrangers en 2012.
Au passage l'ambassade critique le système de santé britannique, malade d'années de sous-investissement, tandis que la France propose deux fois plus de lits d'hôpital par habitant que la Grande Bretagne.
Cette réponse de l'ambassade n'a évidemment pas manqué de faire réagir. "Faillitte économique ? Nous sommes meilleurs que la Grande Bretagne, disent les Français", titre le Télégraph en s'insérant dans la polémique. Cité par la presse britannique, un député conservateur considère que la réponse de l'ambassade est "indigne" tandis que le ministre de la Santé britannique a lui aussi longuement répondu dans un article publié, hier, par le Telegraph. |
"La Grande Bretagne peut apprendre des choses de la France, le nouveau malade de l'Europe" titrait hier une chronique du Telegraph qui parle du champagne et du foie gras servi à volonté, à l'occasion des voeux à la presse du président de la République, qui célèbrent leurs relations incestueuses. Un homme respecté comme la Reine, sauf que l'on n'a jamais vu celle-ci sur un scooter allant rejoindre un amant avant qu'un policier ne leur amène le matin des croissants. Puis le Telegraph évoquait les "parachutistes lourdement armés qui patrouillent dans le métro sous l'oeil des visiteurs" tandis que personne ne voit les banlieues défavorisées. Avant de souligner que la France est incapable d'intégrer les immigrants. |
La réponse de l'ambassade est à côté de la plaque, explique Heath dans City A.M. aujourd'hui, tout en réaffirmant son "amour" pour la France, et en soulignant qu'il n'hésite jamais à parler de ce qui ne va pas en Grande Bretagne. Mais il note que le World Economic Forum (WEF) Global Competitiveness Report 2013-2014 classe la France comme le 130e pire pays sur 148 en matière de carcans réglementaires.