Toulouse : "failles" dans l'enquête policière ? (Owni)

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Les enquêteurs ont-ils mis plus de temps que nécessaire pour trouver Mohamed Merah, le tueur présumé de Toulouse ?

Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a évoqué jeudi matin l'existence de "failles" possibles dans l'enquête policière.

Selon cet article du site Owni, l'identification de Merah aurait pu être plus rapide. En cause, selon lui, "le délai très long avec lequel les adresses IP en relation avec le premier assassinat ont été demandées et obtenues". Des sources policières lui ont confirmé un délai inhabituel pour une opération de cette nature.

Les enquêteurs ont identifié le tueur présumé de Toulouse par le biais d'une petite annonce qu'avait postée sa première victime sur le site LeBonCoin.fr fin février, afin de vendre sa moto. Selon la Dépêche, les enquêteurs ont fait de cette annonce "leur priorité", dès le lundi 12 mars, au lendemain du meurtre : ils ont cherché quels ordinateurs, et donc potentiellement quels internautes, avaient consulté cette annonce.

"D’ordinaire, nous confirme une source policière, ce genre d’opérations ne prend que quelques minutes", écrit le journaliste d'Owni, Jean-Marc Manach. Une autre source, proche de ceux qui répondent à ce type de réquisitions judiciaires, lui indique de son côté qu’elles sont traitées “en 48h maximum“. LeBonCoin.fr n'a pas précisé à Owni quand les services de police judiciaire lui avaient demandé la liste des ordinateurs, ni quand le site la leur avait transmise.

Selon Manach, ce n’est que le vendredi 16 mars, soit cinq jours après le premier meurtre, que la liste des 576 adresses IP a été transmise aux fournisseurs d’accès à l’internet (FAI). Ces adresses IP identifient les ordinateurs sur les réseaux, permettant donc de remonter jusqu’aux utilisateurs. Les FAI, de leur côté, semblent avoir œuvré rapidement : François Molins, procureur de la République de Paris, a expliqué que les résultats des vérifications, et donc la liste des abonnés à qui avaient été attribuées ces adresses IP, ont été connues dès le lendemain, le samedi 17 mars.

Pourquoi ce long laps de temps entre le moment où les enquêteurs ont fait de la recherche des adresses IP leur priorité et le moment où ils les ont récupérées ? Manach ne donne pas de réponse.

Ce jeudi matin, dans Libération, Patricia Tourancheau précisait un autre élément étonnant dans l'enquête : le fichier Christina de la DCRI (Ndlr : Centralisation du renseignement intérieur pour la sécurité du territoire et les intérêts nationaux), duquel les enquêteurs ont sorti '"deux listes de quinze noms" d’extrémistes de droite et d’islamistes de la région, dont Mohamed Merah, n’a été croisé avec le listing des adresses IP que deux jours après la diffusion de cette liste d'adresses IP. "Ce retard peut apparaître comme une négligence dans l’enquête", note Tourancheau.

Retrouvez notre émission "Aux sources" avec Jean-Marc Manach.

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