Thréard à Tapie : "On ne va pas parler des affaires hein ?"
Robin Andraca - - Déontologie - 0 commentairesLes affaires ? Quelles affaires ?
Invité d'Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro, dans l'émission Le Talk, diffusé sur le site du quotidien, Bernard Tapie s'est longuement épanché sur sa guerre contre le chômage chez les jeunes, ou les ambitions présidentielles d'Emmanuel Macron, qu'il juge un peu précoces.
En toute fin d'interview, Thréard a bien failli évoquer les affaires judiciaires qui entourent l'ex-président de l'OM, aujourd'hui propriétaire de plusieurs quotidiens régionaux (La Provence, Var Matin, Corse Matin et Nice Matin). Et puis finalement, non. "Bon, on ne va pas parler des affaires judiciaires hein ? Parce qu'il n'y en a pas en plus ?", lance-t-il à Tapie, qui répond : "Ben non, tout va bien". "Ben si ! Vous-même, vous avez saisi la Cour de cassation quand même ?", tente alors Thréard, mais Tapie réplique, en se penchant vers lui pour lui parler à voix basse, l'air complice : "Ben oui. Je vais vous dire quelque chose. Je ne serai jamais plus pauvre que quand je suis né". "C'était le talk de Bernard Tapie", conclut, hilare, le directeur adjoint de la rédaction du Figaro.
Tapie et les affaires judiciaires, une vieille histoire ? Pas vraiment. En décembre 2015, la cour d'appel de Paris a estimé que l'homme d'affaires n'avait pas été lésé par le Crédit lyonnais, sa banque, lors de la revente d'Adidas en 1993. Les époux Tapie, leurs sociétés et leurs liquidateurs judiciaires ont alors été condamnés à rembourser les 285 millions d'euros (404 623 082,54 euros avec les intérêts), versés en vertu d'un arbitrage privé entre Tapie et le Crédit Lyonnais. "Poussée par l’Elysée, Mme Lagarde avait donné en 2007 son aval à la mise en place de cet arbitrage qui avait fini par accorder, en juillet 2008, 405 millions d’euros à l’homme d’affaires dans le cadre de son litige avec le Crédit lyonnais, lié à la vente d’Adidas", rappelle Le Monde. Et si l'homme d'affaires s'est bien pourvu en cassation dans cette affaire, ce qu'il semble confirmer sur le plateau du Figaro, cela pourrait ne rien changer. "L’homme d’affaires peut se pourvoir en cassation. Mais, selon une source judiciaire, l’arrêt rendu jeudi par la cour d’appel est exécutoire, sans attendre l’arrêt éventuel de la Cour de cassation", écrivait Le Monde en décembre 2015.
Autre volet de l'affaire passée à la trappe du Talk : dans le cadre de l'enquête pénale sur l'arbitrage, Tapie est aussi mis en examen pour escroquerie en bande organisée et détournement de fonds publics par personne privée. Cinq autres personnes, dont le PDG d'Orange Stéphane Richard, sont mis en examen dans ce dossier toujours à l'instruction.
En fin d'interview, Tapie a pu clamer haut et fort son amour des médias : "Je suis fou de la presse". Face à des journalistes aussi mordants que le directeur adjoint de la rédaction du Figaro, on comprend pourquoi.