Températures ressenties : les chaines météo divergent
La rédaction - - 0 commentairesLe marronnier du grand froid est de retour dans les médias. Avec une particularité: la place grandissante de la "température ressentie". Mais ce concept (une modulation de la température en fonction du vent) ne fait pas l'unanimité. Pédagogique ? Spectaculaire ? Peu scientifique ? Les attitudes divergent en fonction des chaînes météo.
Comment innover en matière de météo ? En collant au plus près des sensations du public. "Vent sibérien", "froid polaire": autant de qualificatifs spectaculaires utilisés par les présentateurs, et qui peuvent sembler hors-contexte dans notre pays somme toute tempéré. Oui, mais: les "températures ressenties" sont véritablement glaciales, répondront les spécialistes. Le concept s'est taillé une place de choix dans nos bulletins météo depuis l'hiver 2009. Un indicateur souvent impressionnant, avec des chiffres qui descendent jusqu'à -15, voire -20. Il fait fureur cette année, à tel point que Catherine Laborde était hier invitée du Petit Journal pour analyser le phénomène.
... sans que les explications soient vraiment limpides Le Figaro.fr explique: l'indice mesure "l'impact du vent sur la peau directement exposée à l'air ambiant." Mais Le Monde.fr invite à la méfiance : "cet indicateur, aussi appelé "refroidissement éolien", n'a rien de scientifique. Il s'agit d'un indice sans unité ... à utiliser avec précaution". "C'est un complément à utiliser avec précaution. Il faut toujours l'associer à la température en degrés Celsius, car sinon on risque de tomber dans le sensationnalisme", précise le prévisionniste de Météo France Jérôme Lecou. Slate.fr confirme, dans un article très technique: impossible d'attribuer une unité à cet indice calculé grâce à une formule complexe mélangeant des kilomètres et des degrés Celsius. |
Seul le Figaro.fr donne un autre son de cloche: le site fait une distinction entre "l'indice de refroidissement éolien", qui serait une mesure scientifique complexe, et la "température ressentie", concept plus flou, avec lequel on pourrait s'octroyer des libertés: "un indice, dit de «refroidissement éolien» [...] mesure, grâce à une formule complexe, l'impact du vent sur la peau directement exposée à l'air ambiant. Mais pour simplifier, les météorologues quantifient également la température ressentie en degrés Celsius."
Un point de vue que semble partager la Chaîne Météo, filiale du Figaro, qui diffuse les "températures minimales ressenties" en degrés Celsius, affichant -15°C de température ressentie... ...dans le Nord jeudi matin |
L'indice est pourtant controversé, précise Slate.fr : certains experts "contestent la validité des hypothèses de base qui ne prennent en compte, par exemple, que le visage et négligent l’effet thermique de l’ensemble du corps ainsi que l’impact des vêtements chauds." Plus prudente, TF1 se contente aujourd'hui de parler de "degrés": "des températures qui, exposées au vent, pourront être inférieures à -10 degrés". Hier, la chaine se livrait à une séance de pédagogie, pendant le JT de 20h, avec les explications d'Evelyne Dhéliat. De son côté, Météo France doit être du côté des sceptiques, et joue la prudence absolue. Aucune référence à la température ressentie sur le site de la chaîne, seulement de tristes "températures réelles"... |
L'occasion de revoir notre émission météo. Et pour tout comprendre de la "guerre des neiges", lisez notre article.
(Par Julie Mangematin)