Taubira sermonne sa collaboratrice à l'Assemblée : pourquoi

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Ambiance délétère entre Christiane Taubira et ses collaborateurs. En pleine séance de questions - réponses avec les députés sur la réforme pénale, Taubira réprimande l'une de ses collaboratrices au micro de l'Assemblée. La conseillère de la Garde des Sceaux n'avait pu lui fournir des informations précises sur un cas de libération d'un détenu pour vice de procédure au tribunal de Bobigny.

 

"C'est inadmissible", "c'est incroyable ça" lance la ministre à sa collaboratrice. Tout aussi incroyable que d'entendre une ministre s'exprimer de la sorte au micro de l'Assemblée Nationale. Visiblement énervée, Taubira revient à la charge et s'interrompt pour la réprimander à nouveau : "Non mais vous n'avez personne à appeler là ? Vous restez là?" Cette sortie publique peut être mise en parallèle avec les démissions, l'an dernier, de ses directeur et chef de cabinet ainsi que de plusieurs de ses conseillers. "Force est de constater qu'il est difficile de travailler avec elle" analysait Le Monde, dans une enquête sur ces démissions en série. 

Mais qu'est-ce qui a provoqué cet incident ? Avant de prendre à partie sa collaboratrice, la ministre était interrogée sur la libération d'un homme soupçonné d'un meurtre à Toulouse. Le suspect a été libéré pour vice de procédure : la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Toulouse a laissé passer la date avant laquelle elle devait se prononcer sur une demande de remise en liberté présentée par les avocats du suspect, incarcéré depuis trois semaines. Les juges auraient dû rendre une décision sur sa demande de libération le 30 mai au plus tard mais ne l'ont fait que le 2 juin. John A. a donc été remis en liberté d'office. La ministre a affirmé ce matin à l'Assemblée qu'elle reconnaissait la défaillance du système judiciaire sur ce dossier : " Il y a eu une erreur, dans ce cas les délais n'ont pas été respectés. Une enquête sera diligentée". Et la ministre, alors, de se piéger elle-même en comparant l'affaire ... à un autre cas de vice de procédure, à Bobigny cette fois.

Mais sa mémoire flanche, et la ministre demande l'aide de ses conseillers, en vain. En février dernier, le principal suspect du meurtre d'un DJ en Seine-Saint-Denis avait été relâché à cause d'un problème matériel : un document n'est jamais arrivé jusqu'à la chambre de l'instruction car le fax du parquet de Bobigny n'avait plus d'encre. Le suspect est sorti, sous contrôle judiciaire. Il s'est ensuite présenté aux Assises où il a été jugé et condamné à 18 ans de prison le 22 mai dernier - il a fait appel du jugement. Taubira voulait souligner la réactivité du ministère qui reconnait ses erreurs, enquête sur les circonstances de l'erreur, et fait de son mieux pour les réparer. On ne retiendra pourtant de son intervention que les trois phrases acerbes prononcées à l'encontre de ses collaboratrices.

Elisabeth Denys

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