Tarnac : à la (vaine) recherche du soldat Coupat

Aurore Gorius - - 0 commentaires


Les médias tournent en rond dans l'affaire Tarnac. Dimanche, l'émission de Canal+, Le Supplément, consacrait un plateau et un sujet de six minutes à cette affaire à rebondissements depuis quatre ans. Dernier épisode en date, révélé par Le Canard Enchaîné, la carte bancaire de l'une des personnes interpellées, Yldune Lévy, aurait été utilisée à 2h44 du matin dans la nuit du 8 novembre 2008 en plein Paris, à Pigalle. Ce nouvel élément versé au dossier pourrait l'innocenter dans le sabotage de la caténaire d'une ligne TGV à Dhuisy, en Seine-et-Marne, dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008.

Mais de ce nouvel élément, il est très peu question dans le sujet de du Supplément. Canal+ envoie une équipe de télé sur place, à Tarnac, en Corrèze, là où neuf militants d'extrême-gauche au total ont été interpellés le 11 novembre 2008 pour le sabotage de plusieurs lignes TGV dansl'Oise, l'Yonne et en Seine-et-Marne. Yldune Lévy et son compagnon, Julien Coupat, en faisaient partie.

Deux personnes seulement sont habilitées à parler aux caméras de Canal+, par méfiance à l'égard des médias. Les autres militants présents restent "tapis dans l'ombre", disent-ils, sans se dévoiler. Une façon de se moquer d'un sujet de France 2 diffusé dans le JT de 13h le jour de l'arrestation. Canal+ ne manque pas d'inclure un extrait de ce sujet dans son reportage.

Des militants restent "tapis dans l'ombre" à 1'44 minutepicto

Mais lorsqu'on se moque, il faut être la hauteur. Problème, la suite du reportage de Canal+ tourne à la pantalonade. Il consiste à tenter de retrouver Julien Coupat et Yldune Lévy dans le village, en interrogeant les habitants. Croiser le couple, qui ne s'est pas montré en public depuis quatre ans, serait même un "fantasme de journaliste", selon le commentaire.

Diffusé avant un plateau qui réunit deux des personnes mises en examen et leur avocat, le sujet ne retrace pas l'histoire, n'apporte aucun élément de contexte ni ne fait de retour sur les événement passés et récents. Conclusion, finalement assez logique, du reportage : l'affaire Tarnarc "reste toujours grise, entre deux eaux, complexe et complexifiée par cette interminable instruction". Canal+ n'aura pas aidé à y voir plus clair.

Le sujet n'aura pas échappé au regard de David Dufresne, l'auteur du livre Tarnac, Magasin général(Calmann Lévy, 2012), une enquête de trois ans sur l'affaire, qui twitte dans la soirée :


En effet, le sujet de France 2 étayait, avec un ton martial, la thèse d'un groupuscule d'extrême-gauche qui aurait secrètement préparé des actions illicites. Et laissait très peu de doute sur la culpabilité des militants d'extrême-gauche. Depuis, le dossier judiciaire s'est révélé sans aveu ni témoin tangible.

pictoRegardez le sujet de France 2 moqué par Canal+


Un élément supplémentaire pour notre dossier Tarnac, manip à grand vitesse. Pour plus d'informations sur l'affaire, regardez l'émisison d@ns le texteque nous avons consacrée au sujet.

Lire sur arretsurimages.net.