Tarifs aériens "tracés" : un mythe (ou presque)
Anne-Sophie Jacques - - Numérique & datas - 0 commentairesL’IP-tracking, technique qui consiste à ajuster les tarifs des billets d’avion selon votre adresse IP, est-elle un mythe ou une réalité ? On se posait la question ici-même en mai dernier suite à la mobilisation de la députée européenne Françoise Castex qui avait saisi la Commission Nationale Informatique et Libertés (Cnil) sur le sujet. Conclusion de l’enquête de la Cnil menée conjointement avec la répression des fraudes et publiée hier : un mythe.
La Commission affirme que "les contrôles n’ont pas conduit à constater de pratique consistant à moduler les tarifs affichés en fonction de l’adresse IP de l’internaute". En revanche, "ils ont mis en évidence d’autres pratiques de variations des tarifs" dont l’une fait l’objet d’une enquête plus approfondie. En effet, la Cnil a relevé que les voyagistes peuvent varier leur prix en fonction du site précédemment consulté: ainsi, "un internaute provenant d'un comparateur de prix se verra parfois offrir un prix d'appel plus attractif, mais avec des frais plus élevés, le prix total n'étant pas impacté de manière significative. Cette opération est effectuée sans que la personne soit en mesure de connaître les mécanismes conduisant à moduler le tarif affiché". Une technique potentiellement contraire à la loi "informatique et libertés". Copie écran du site de l'Expansion |
Ces conclusions rejoignent celles du ministre de la consommation Benoît Hamon qui, lors d’une réponse à Jean-Vincent Placé repérée par nos partenaires PC INpact mi-janvier, estime qu’"il n'a pas été démontré que la technique est utilisée pour proposer des prix personnalisés. En tout état de cause, elle ne semble pas reposer sur la pratique de l'IP Tracking telle qu'elle est dénoncée par la presse". Selon Hamon, "l'adresse IP n'est qu'un des éléments collectés et ce n'est pas le plus pertinent, les entreprises se fondant notamment sur des informations stockées dans le navigateur tels les cookies ou témoins de connexion". Contactée par PCINpact, Castex n’en démord pas : "on a toujours su que l'adresse IP n'était pas utilisée seule, parce qu'elle n'apprend rien en elle-même, ce n'est que l'avatar d'un ordinateur. C'est en croisant avec d'autres éléments qu'elle devient significative. La réponse de Benoît Hamon confirme que l'adresse IP est bien l'un des éléments utilisés dans le profilage des internautes."
Même exaspération de l’eurodéputée suite à la publication hier des conclusions de la Cnil : dans un communiqué, elle estime que "l'enquête ne lève pas le doute sur les tarifs obscurs pratiqués par les grands opérateurs de transports sur la toile." Selon elle, "ces entreprises continuent d'utiliser des techniques de profilage qui génèrent une concurrence déloyale et qui constituent un détournement des données personnelles de millions d'internautes notamment via l'utilisation de leur historique de navigation."