Surprise : Sarko est démago !
Daniel Schneidermann - - 0 commentairesSi on s'y attendait ! Quelle surprise ! Ainsi donc Sarkozy a changé d'avis
, en direct, sur le mariage pour tous, sous la pression de "Sens commun", le lobby pro-manif pour tous au sein de l'UMP, qui auditionnait les trois candidats à la présidence du parti. Arrivé sur scène en espérant se contenter de "réécrire de fond en comble" la loi, il s'est heurté à une salle hurlant "abrogation". "Si vous préférez qu'on dise qu'on doit l'abroger, en français ça veut dire la même chose, mais si ça vous fait plaisir, franchement, ça coûte pas très cher" a-t-il lancé. Ils veulent l'abrogation ? Qu'à cela ne tienne. Et, comme Louis XVI coiffant le bonnet révolutionnaire sous la pression de la foule en 1789, il a donc concédé l'abrogation à une salle hurlante.
Il n'est pas certain que ce "Je vous ai compris" à la mode Sarko soit électoralement payant. Indépendamment de ce que l'on pense de leur combat, les adversaires de la loi Taubira, et autres "veilleurs", sont des gens de foi et de conviction, d'une conviction solide, indéracinable, d'intégristes. Pas certain qu'ils se laissent avoir par la manoeuvre politicarde et se détournent de leur candidat de coeur, Mariton.
Mais le meilleur de la séquence, c'est la surprise des éditorialistes, à commencer par l'équipe de la Matinale de france Inter. Si on s'y attendait ! Et Patrick Cohen de ressortir des archives une déclaration de l'ex-président, se vantant de ne jamais céder à la pression de la rue. Et Thomas Legrand de fustiger la "politique à l'ancienne". Pourtant, qu'est-elle d'autre, cette scène, que l'illustration en image du sarkozysme, comme méthode de gouvernement ? Cinq ans durant, ce fut avant tout cela, le sarkozysme : un gouvernement à la boussole des sondages, des chers, des très chers sondages Buisson, à commencer par la création du fameux "ministère de l'identité nationale", improvisée en 2007 sous la pression d'un sondage. La scène dite "de l'abrogation forcée" n'en est que l'illustration, parfaite, quoique tardive.