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galanga
Merci à Justine pour ce suivi, plus qu'éloquent.
Au sein de l'extrait des deux journalistes françaises de "Hikari Productions", il est évoqué la différence entre lois/règles du gouvernement central et directives des gouvernements locaux.
Je trouve que c'est malheureusement un aspect très "sous-investigué" sur la Chine, c'est le fait que le gouvernement central a beaucoup de mal à faire appliquer ses lois et directives par les gouvernements locaux, et ce dans tous les domaines (comme sur l'économie). Les gouvernements locaux ont acquis, suite aux réformes associés à l'ouverture de la Chine au début des années 80, un pouvoir décentralisé qui est devenu de plus en plus fort, et que le pouvoir central a beaucoup de mal à gérer.
Par exemple, avant la crise, quand le gouvernement central demandait aux gouvernements locaux de contrôler la croissance, par crainte de surchauffe, cela n'a eu aucun effet, les gouvernements locaux ont continués à accepter et favoriser les investissements tous azimuts. La corruption et l'appat du gain expliquent notamment ce comportement, mais c'est certainement beaucoup plus profond, d'ordre culturel/historique : il y avait déjà le même problème du temps du pouvoir impérial, où les seigneurs locaux n'en faisant qu'à leur tête, et le pouvoir central (empereur) les laissaient faire tant qu'il n'y avait pas de "vagues" qui remontaient jusqu'à lui.
Ainsi, comprendre cette "jacquerie" latente des gouvernements locaux est utile pour comprendre que ce que le gouvernement central craint le plus, ce n'est pas seulement de perdre le Tibet pour lui même (par autonomie), c'est que, si cela arrivait au Tibet, toutes les autres provinces (et cette fois ci, les provinces Hans) demanderaient la même chose, à savoir plus d'autonomie. Bref, ce serait l'éclatement complet de la Chine, en plusieurs dizaines de petits pays.
L'erreur ici à mon avis (mais j'ai peut-être tort) ce serait de croire que c'est le gouvernement central qui est derrière ces interdictions locales ; à mon avis cela ne profite pas au gouvernement central, car celui-ci essaye avant tout de gagner un combat médiatique sur le plan international, ce qu'il n'arrive pas à faire malgré le surplus de moyens qu'il y met (comme les superbes vidéos de résumé des événements de Lhassa visibles en plusieurs langues, ou encore l'augmentation des moyens pour les chaines en Français et autres langues, comme indiqué par @SI il y a quelque temps).
J'ai la nette impression que la Chine est une dictature idéologique décentralisée (tout le monde doit - faire semblant de - penser et dire la même chose) mais ce n'est pas (plus) une dictature politique centralisée, dans ce sens que le centre n'arrive pas à se faire obéir par les étages intermédiaires, qui eux font subir ce qu'ils veulent aux populations.
Ce qui manque cruellement et réellement en Chine, bien plus que "le droit aux droits de l'homme" (qui est "codifié" dans la constitution chinoise depuis 2004), c'est tout simplement l'état de droit. -
sleepless
On parle souvent, et en bien, des chroniques de Judith, anne-sophie et Alain et du travail de Gilles sur l'actu internationale et du côté rendez-vous des rubriques et des articles
Je voudrais aussi tirer mon chapeau à Justine et Sophie pour leurs salves du lundi, de très bonne qualité, et permettant un suivi de sujets assez unique dans le domaine de la presse.
Merci donc, Justine et Sophie. -
Animal Collective
Merci Justine pour cet excellent article.
Quelqu'un saurait-il comment visionner un de ces reportages sur le Tibet ? (évidemment je n'ai pas la tv...) -
punaiz
Que disent les blogs des voyageurs au Tibet? Comment est l'ambiance? Celui qui avait fait un si bon dossier durant les émeutes est il retourné voir ses amies?
Merci Justine d'assurer le suivi de ce sujet. Du coup ça nous donne envie d'avoir encore un peu plus de recoupements. -
Diogene Rouge
Il va peut etre falloir ouvrir un "dossier" !
Un an apres le retour des "chinois" :
Source : AFP
Pretoria refuse un visa au dalaï lama pour une conférence liée au Mondial
le 23/03/2009 à 11:31
L'Afrique du Sud a déclaré lundi avoir refusé au nom de l'intérêt national un visa au dalaï lama, invité à une conférence liée à la Coupe du monde de football 2010 dans ce pays, tout en niant toute pression chinoise.
Le chef spirituel du bouddhisme tibétain avait accepté de participer, avec d'autres lauréats du prix Nobel de la Paix, à une conférence vendredi à Johannesburg sur le football comme instrument de lutte contre le racisme et la xénophobie.
Mais il n'a pas obtenu de visa, a reconnu le porte-parole de la présidence sud-africaine Thabo Masebe. "Le gouvernement sud-africain n'a pas invité le dalaï lama, parce que ce ne serait pas dans l'intérêt de l'Afrique du Sud", a-t-il dit à l'AFP.
"Le monde prête attention à l'Afrique du Sud parce que nous allons accueillir la Coupe du Monde 2010, et nous ne voulons rien qui puisse perturber ce message", a-t-il justifié.
Le gouvernement tibétain en exil en Inde a fait savoir qu'il ne contesterait pas cette décision, qu'il attribue à "l'intense pression des autorités chinoises".
"Puisque Sa Sainteté a dit qu'il n'embarrasserait aucun gouvernement étranger, nous ne protesterons pas, mais nous sommes évidemment très déçus", a déclaré le porte-parole du dalaï lama, Thubten Samphel.
Selon lui, Pékin "n'aime pas qu'un gouvernement étranger accueille le dalaï lama par peur que sa présence n'attire l'attention des médias sur les conditions déplorables des droits de l'Homme au Tibet."
Malheureusement, a-t-il déploré, "les Etats africains sont vulnérables aux pressions chinoises en raison des investissements massifs de la Chine" sur le continent. "C'est un cas où les intérêts économiques passent avant les droits de l'Homme."
L'absence du dignitaire religieux compromet la conférence de vendredi, les Nobel sud-africains Desmond Tutu et Frederik de Klerk ayant annoncé qu'ils pourraient boycotter la rencontre par solidarité.
"Nous succombons honteusement à la pression chinoise. Cela me procure de la peine et de la honte", a ainsi déclaré Mgr Tutu à la presse sud-africaine.
Pretoria a toutefois rejeté ces accusations et démenti avoir subi la moindre pression.
"Nous sommes un pays indépendant et souverain et nous prenons des décisions souveraines", a assuré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ronnie Mamoepa, en rappelant que le dalaï lama avait déjà pu visiter l'Afrique du Sud.
Mais, lors d'un tel voyage en 1999, le dignitaire religieux n'avait pas pu rencontrer le président d'alors, Thabo Mbeki. Celui-ci avait avancé des problèmes d'emploi du temps, bien que la presse fasse déjà écho de pressions chinoises.
L'Afrique du Sud, qui soutient la volonté chinoise de réunification avec Taïwan, est le principal partenaire commercial de Pékin sur le continent, avec des échanges évalués à 10 milliards de dollars (7,5 milliards d'euros) en 2008.
Pékin accuse le dalaï lama de vouloir l'indépendance du Tibet et a renforcé sa sécurité sur le "toit du monde" ces dernières semaines pour empêcher toute insurrection dans le cadre du 50e anniversaire d'un soulèvement antichinois.
Après l'invasion et l'occupation par la Chine du Tibet en 1950-1951, le 14e dalaï lama avait fui le 17 mars 1959 et traversé la frontière indienne le 30, près de trois semaines après le début d'une insurrection avortée à Lhassa contre le régime chinois.
© Agence France-Presse