Sur C8, Garrido piste les ordonnances travail
Juliette Gramaglia - - Médias traditionnels - 0 commentairesC'était une première attendue :
Raquel Garrido, porte-parole de la France Insoumise, sous le feu des critiques depuis qu'elle a annoncé rejoindre Les Terriens du Dimanche sur C8, a livré sa première chronique pour l'émission de Thierry Ardisson. Une chronique sous forme de petit reportage où elle s'est lancée sur les traces de... ceux qui ont écrit les ordonnances travail.
Raquel Garrido sur le plateau des Terriens du Dimanche, 10 septembre 2017
A quoi ça rassemble, Garrido sur C8 ? Sur fond de petites musiques légères, on peut voir l'avocate interroger le Premier ministre Édouard Philippe sur les auteurs véritables des ordonnances. Après la mise en scène éclair d'une enquête auprès de syndicats et de la Direction générale du travail (DGT) la chroniqueuse livre finalement deux noms : Antoine Foucher et Pierre-André Imbert.
Le premier, directeur de cabinet de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, est aussi ancien directeur général adjoint du Medef et ancien collaborateur de Xavier Bertrand lorsque ce dernier était ministre du Travail de Nicolas Sarkozy. Quant au second, Imbert, actuellement conseiller social à l’Élysée, il est aussi... l'ancien directeur de cabinet de Myriam El Khomri lorsque cette dernière était ministre du Travail de François Hollande. À eux deux, ils forment une belle preuve que l'ancienne administration a toujours ses quartiers dans le gouvernement - et la main-mise sur les réformes. Garrido l'admet, elle ne leur a arraché aucune confirmation claire qu'ils étaient bien les auteurs des ordonnances. Une preuve de l'"opacité" qui entoure cette réforme pour Garrido, qui y voit un vrai "problème démocratique".
Le "buzz incroyable" de Garrido... selon Ardisson
Retour en plateau, Ardisson félicite sa nouvelle recrue : "Quelle histoire, Raquel". Puis, mine de rien : "Ça a fait un buzz incroyable ! Mis à part le fait que vous participiez à cette émission, mais ça a fait un buzz incroyable d'aller oser poser une question au Premier ministre." Voilà un résumé très succinct de la petite tempête qui entoure l'Insoumise devenue chroniqueuse pour une chaîne de Bolloré. Et notamment sur sa présence en conférence de presse à Matignon, où elle s'était présentée comme "chroniqueuse pour les Terriens du Dimanche, sur C8"... sans rappeler son soutien à la France Insoumise. A l'heure où les frontières entre politiques et journalistes ne cessent de se brouiller, la présence de Garrido en conférence de presse n'avait pas manqué d'attiser les critiques de certains journalistes, qui y ont vu un insupportable mélange des genres. Le "buzz incroyable" concernait donc plutôt sa présence que sa question.
Mais Garrido n'est pas là pour parler de cela, elle est là pour parler transparence du gouvernement sur les auteurs des ordonnances. Pourquoi ? Parce que tout est fait dans le dos des Français, sans transparence, assure-t-elle. "Pendant la présidentielle, ils n'ont pratiquement rien dit sur la réforme, tacle Garrido. Pendant les législatives, à part Le Parisien qui a sorti des éléments, et Libé un peu, le gouvernement a dit tout de suite «non non c'est pas ça», ils ont même porté plainte contre X pour les fuites, ça concerne y compris les agents de la DGT [Direction générale du travail]" Pour rappel, Le Parisien et Libération ont publié en juin dernier des documents confidentiels sur le projet de réforme du code du travail. Libération avait alors été attaqué par la ministre du Travailpour "recel". Une plainte dénoncée par plusieurs journalistes comme une pression du gouvernement sur la presse. Cette plainte avait rapidement été retirée, il reste désormais une poursuite pour "vol" et "violation du secret professionnel" contre les fuites à la DGT.
Mais de cela, on ne parlera pas plus longuement non plus sur C8. À la place, Garrido se fait prendre à partie par Gilles-William Goldnadel et Franz-Olivier Giesbert, tous deux remontés : "Ce sont toujours les dir' cab qui rédigent, et après il y a le ministre, donc il n'y a rien, il n'y a pas d'histoire", tacle Giesbert, face à une Garrido, défendue par Polony, qui peine à se faire entendre. La discussion tourne court bien vite. Un jingle retentit : fin de la chronique. La porte-parole de la France insoumise n'aura pas bouleversé le dimanche soir de C8.
L'occasion de (re)lire notre enquête : "Comment Raquel Garrido s'est incrustée à Matignon sans carte de presse"