-
alma
J'ai un peu regardé ce qui a été diffusé pour la journée du harcèlement: un documentaire et un plateau. C'était intéressant, cela permettait, je trouve, de réfléchir, et d'en parler avec ses propres enfants... C'est pour moi là tout à fait le rôle des médias, dans ce qu'ils ont de positif. Ce n'était pas que du voyeurime. Ce n'était pas caricatural, et dans le plateau un enseignant parlait d'une expérience vraiment intéressante: au lieu d'engueuler les harceleurs, le proviseur faisait venir le "leader" (il y en a presque toujours un) dans son bureau, et parlait avec lui de la façon dont on pourrait aider la "victime" (sans jamais l'accuser ou dire qu'il savait qu'il était le leader responsable des persécutions, en disant qu'il était au courant des problèmes sans désigner de coupable) et l'amenait à proposer de lui-même des solutions... car les harceleurs sont souvent enfermés dans leur propre harcèlement, sans moyen d'en sortir, et sans réaliser qu'il y a un "autre" qui souffre. Cela marchait semble-t-il très bien! Et cela m'a rappelé à vrai dire les "Frères Karamazov" dans lequel il me semble qu'il y a quelque chose comme ça avec des enfants violents, qui sont amenés vers autre chose... Il y a un beau thème comme ça chez Dostoïevski. Sans angélisme, à cet âge-là, il y a quand même des choses à faire pour défaire la violence! C'est vraiment intéressant. Et cela permet de réfléchir sur les dynamiques de groupes, positives ou négatives, et qui peuvent rapidement se transformer de l'un vers l'autre, en fonction de la réaction de l'institution. Plutôt que de renvoyer la victime "chez le psy". Et les suicides à des sales petites histoires personnelles trop saignantes que seuls les voyeurs (quelle horreur!) peuvent avoir envie d'évoquer. Cela me parait intéressant que le harcèlement ait surgi comme un sujet de société, Et il me semble qu'il serait plus intelligent d'y réfléchir en terme "politique" au sens premier: comment vit-on ensemble, l'école étant le premier, et décisif lieu de socialisation. Les gens comme Balabastre savent très bien dénoncer (avec intelligence, mais aussi un enfermement dans leur propre shéma de pensée qui me sidère, et une tendance déplaisante à la paranoïa. Je trouve l'article de Rochat très bien là-dessus. Je ne trouve pas que ce soit réducteur, cela donne à penser. J'aime bien le côté nuancé d'ASI, qui cherche à échapper aux hystéries et contre-hystéries militantes qui fonctionnent en miroir. Je ne doute pas que les médias aient été hystériques sur cette histoire de suicide comme ils le sont sur tout. Aient fait recette sur l'émotion des parents etc... Mais il y a eu aussi d'autres choses, dont on parle moins.Pourquoi? Parce que la contre-hystérie militante n'y trouve pas son compte? Le fait est... qu'elle ne permet pas à ces choses-là d'apparaître, puisqu'elle... n'en parle pas. Qui parlera de l'initiative de ce prof? De comment ça pourrait servir aux équipes pédagogiques pour avancer elles-mêmes, et de sortir de la circulation des culpabilités (qu'a très bien décrite une internaute)? Mais enfin si Balabastre et les autres s'intéressent à la politique, ils ne voient pas que le fond de l'affaire, c'est de la politique, au vrai beau sens du terme? C'est à dire de la régulation de la violence et des rapports de forces entre les hommes? On dirait que le mécanisme de bouc-émissaire (c'est quelque chose d'impressionnant, que nous avons tous vus un jour à l'oeuvre, et qui je pense nous effraie tous), dont la jeune fille a été victime, que ce soit ou non la principale cause de son suicide, s'est transmis ensuite des uns aux autres dans la désignation d'un "coupable" (l'école, puis les parents, puis les médias...). ça pourrait être ça, la politique, sortir des histoires de bouc-émissaires. Chercher comment faire ensemble... Alors se taire parce que c'est "trop saignant" ou 'trop émotionnel", vraiment non! Trouver comment en parler... -
PONTEUXIN
Les rapports parents-professeurs sont (pas toujours mais souvent) empreints de méfiance,de mépris,de soupçon. De sorte que la situation réelle des familles est largement inconnue des professeurs,un peu moins des autorités administratives...QUOIQUE!Ceci amène à faire des choix "à l'aveugle" qui peuvent se révéler catastrophiques. Mon premier exemple est celui de la santé. Je n'ai JAMAIS eu connaissance au cours de ma carrière des éventuels problèmes de mes élèves. C'est ainsi que j'ai su qu'une de mes élèves était épileptique quand elle a fait une crise en classe. Représentez-vous l'élève en crise au milieu des autres élèves hurlant qu'elle était possédée du démon! J'ai su qu'un autre était "phobique scolaire" en le croisant blanc,dents serrées,en sueur en train de s'enfuir du lycée.J'ai appris que j'allais avoir une myopathe en allant me plaindre d'avoir une table en moins dans ma classe. On m'a répondu que c'était normal puisqu'elle avait un fauteuil!Un autre problème est celui de l'orientation .Qui a la puissance parentale? Par exemple le père "sur les papiers" est militaire à 15000 km et la mère vit avec quelqu'un d'autre qui s'occupe de l'enfant. Autre exemple: une fille de 3ème,enceinte,vient présenter son compagnon à peine plus âgé qu'elle au principal du collège "pour avoir les aides et savoir s'il peut manger à la cantine". J'arrête ici ce qui pourrait être une liste interminable et je pose une question: COMMENT FONT LES STATISTICIENS DE L'ED NAT POUR AFFIRMER DES POURCENTAGES BIEN RANGES DANS DES PETITES CASES? -
HoodyDoo
à traiter le harcelement de façon efficace. Je vois cela dans l'école de ma fille. En cas de harcelement, il n'y a que deux solutions pour l'équipe éducative:
soit on engueule les enfants 'fauitifs' devant tout le monde et on les envoie chez le directeur, soit on passe le tout sous silence.
Personne, dans l'établissement, n'a jamais essayé d'avoir un dialogue avec les élèves sur la différence et le respect de l'autre. Il y a des méthodes pour faire comprendre aux enfants qui particient à l'harcelement le mal qu'ils font à leur victime. L'enguelade publique n'en fait pas partie. Ca risque, au contraire d'empirer les choses.
Donc, je suis convaincu que l'école a détecté le problème et a pris des mesures, mais qui étaient tout à fait inadaptés et qui ont surement rendu la vie de Pauline encore pire.
C'est la, le vrai scandale. -
Champignon98
Je pense qu'il faudrait qu'ASI et surtout DS comprenne que le débat contradictoire n'est pas l'alpha et l'omega de toute émission intéressante. Je comprends que les réalisateurs du documentaire n'aient pas eu envie de ce coltiner les journalistes qu'ils mettent en cause. Et que l'une où l'autre des parties ait raison ne change rien à l'affaire.
Le débat contradictoire n'est pas le meilleur cadre pour tirer le meilleure d'un invité. DS, malgré son génie, ne veut pas l'entendre. L'émission avec Mar_lard est un exemple quasi-caricatural des gros problèmes poser par ce genre de dispositif. L'émission de Taddei où il avait invité Piketty pour son bouquin, avec Todd en commentateur est l'exemple positif inverse : l'un aide l'autre à donner une vision claire de son boulot. Tellement mieux...
Et j'ai l'intuition qu'il y aurait à dire des choses du point de vue de la critique féministe. Car les confrontations contradictoires ont souvent très masculines. -
jb9000
Cet article est trop long et sa structure trop complexe: décryptage de décryptage de décryptage, sur fond de rivalité entre décrypteurs. -
Catala93
Un des écueils à éviter dans une enquête sociologique est d'éviter de conforter artificiellement une thèse dont les resultats sont a priori connus. Cela ne produit pas de bonnes conclusions Je me demande si Balbastre ne tombe pas dans ce biais. -
Bruanne
Voté, avec beaucoup de conviction, le message de cécile clozel
Je ne comprends pas DU TOUT la position d'@si dans cette histoire.
L'article me laisse une impression très désagréable.
Je ne sais pas ce que vous cherchez, mais ça ne m'évoque rien de noble.
Vous pouvez en écrire des articles sur vos confrères qui sont allés fouiller les poubelles du pilote allemand ...
Vous cherchez quoi ? A rendre la justice ? A porter un diagnostic psychologique ? A ressusciter les morts ?
A quoi peut bien servir un retour sur le fond de l'affaire ?
Est-ce que dans votre équipe une personne connaît UN cas de suicide, un seul, qui soit explicable par une cause unique ?
Est-ce que c'est pour faire ce genre " d'enquête " que vous avez choisi ce métier ?
Moi, en tout cas, ce n'est pas pour ce genre d'approche que je vous ai rejoints.
C'est votre choix éditorial, vous ferez ce que vous voudrez quoi qu'il arrive et quoi qu'on exprime dans les forums.
Si je peux m'autoriser une petite requête : essayez juste de ne pas trop oublier que 2012 c'était il n'y a pas si longtemps, que les camarades de classe de cette adolescente n'ont que 15 ans aujourd'hui, que sa famille et ses professeurs peuvent être vos lecteurs. -
cécile clozel
Peut-être qu'il y a des sujets que les médias* devraient s'interdire de traîter. Des situations qu'il est mauvais de médiatiser. Mauvais pour ceux qui les vivent, mauvais pour les lecteurs de la presse, qui croient qu'on peut comprendre quelque chose d'aussi intime q'un suicide à travers ce mélange de lumière intrusive et d'opacité irréductible. Alors qu'on ne peut pas. On peut juste projeter son imaginaire, construire un simulacre de vérité, exhiber des certitudes simplistes, s'embarquer dans des polémiques à la con, se chatouiller le pathos.
*tous les médias. Ceux qui traîtent des faits divers, ceux qui critiquent ceux qui traîtent des faits divers, et ceux qui critiquent ceux qui. La mise en abyme n'y change rien, c'est toujours du discours vain échaffaudé sur ce qui lui échappe. -
yo
Le refus de l'invitation de la part de M. Balbastre est assez logique, il refuse tout type de débat-pugilat, ce qui risque fort de se passer dans le dispositif prévu par ASI. C'est en soi totalement compréhensible, ce genre de débat est en général contre productif, et au final tout le monde campe sur ses positions.. ce qui est franchement fatiguant.
L'avantage de ce type de débat est d'avoir directement l'argument et le contre-argument, malheureusement cela fini souvent en " j'ai raison parce que je parle le plus fort". -
Diogene
Le harcèlement scolaire est quelque chose de très grave, qui peut mener au suicide ou détruire psychiquement des adolescents, et laisser de lourdes cicatrices. Il est bien que la France comme à s'en préoccuper et il faut le prendre au sérieux mais il ne faut pas non plus s'emballer. Si la lutte contre le harcèlement scolaire s'emballe, on risque d'avoir affaire à de nouveaux procès d'Outreau.
Le suicide de la jeune adolescente... Il aurait été préférable que la jeune fille soit protégée, voir placée sous surveillance psychiatrique, mais peu de gens sont formés à détecter les signes qui indique un proche passage à l'acte.
Par contre, je pense que si les parents étaient au courant de l'état de leur fille (ce qui reste à prouver), ils auraient du rendre inaccessible l'arme à feu (et tous les cordages, d'ailleurs). Mais un suicidaire trouvera toujours le moyen de passer à l'acte... Le tout est d'espèrer que le moyen employé sera le moins létal possible. Les armes à feu ont malheureusement un très haut taux de "réussite"... -
Adarr
Franchement... On s'en fout du fond de l'affaire. L'évoquer c'est tomber dans le voyeurisme, naze... Normal que ça fasse hurler Balbastre !!
Alors voilà, @si se décide à parler de nada-info pour cracher sur nada-info... Bizarre, pourtant leur travail est une critique des médias prenant un angle très différent de celle figurant sur @si, car s'attaquant directement aux racines vermoulues du système médiatique, à savoir son essence capitaliste. C'est assez rare pour avoir envie de les défendre !
Leurs montages vidéos sont sidérants et je vous invite à aller les voir au plus vite : https://vimeo.com/user29226791/videos
J'ai hâte de voir leur réponse à @si ! -
poisson
Et c'est là le noeud du problème de l'aspect médiatique de l'affaire : sans la possibilité de détailler ces éléments dans un article, c'est parole contre parole. On tombe alors dans le travers médiatique dénoncé par le documentaire de Balbastre : parole contre parole, famille contre école.
Je ne comprends rien à cette phrase.
En première intention j'ai cru comprendre que le documentaire de Balbastre tombe dans le même travers que celui qu'il dénonce. Comme je ne vois pas en quoi, j'ai relu plusieurs fois cette phrase, j'ai lu la suite, etc. Et donc j'ai une question: quels éléments? -
Sylvain B.
Si je reprends votre article :
"Qu'a donc dit la Justice? Dans une note de synthèse de l'enquête préliminaire, envoyée à la famille par son avocat, il est mentionné que les enseignants ont bien pris "un certain nombre de mesures parmi lesquelles de nombreux contacts entre les enseignants eux-mêmes (mails joints à la procédure), réunion en cellule de crise aux environs du mois d'octobre 2011, intervention de l'assistante sociale et du chef d'établissement auprès des parents, rencontre avec la maman au sein de l'établissement et mise en garde sur la présence d'armes au domicile familial au regard de l'état psychologique de Pauline". Autrement dit, l'équipe éducative a bien identifié les tendances suicidaires de Pauline."
Le cas semble clair. L'école avait, à la mesure de ses moyens, identifié et signalé le risque. Ce n'est pas une terrible défaillance comme par exemple le récent cas de directeur pédophile.
Donc oui, il y a bien emballement au moins sur le point de l'accusation faite à ce collège de n'avoir rien mis en place. Je ne vois pas pourquoi on pourrait contester cela, si la justice l'affirme c'est bien qu'il y a des preuves que l'établissement a fait quelque chose. Etait-ce suffisant ? Visiblement non, mais alors jusqu'où doit aller le rôle d'un lieu d'enseignement ? La polyvalence a des limites. Pour être parfaitement honnête je ne suis pas sans doute totalement objectif. Etant moi-même enseignant il m'est arrivé de me retrouver confronté à de telles situations d'enfant en souffrance. Moi, où d'autres membres de l'établissement nous réagissons alors comme nous le pouvons mais nous ne pouvons ni tout voir ni toujours bien agir même si je peux vous assurer que nous sommes nettement plus sensibilisés à ces divers thèmes que par le passé. Et d'ailleurs, en voulant intervenir, le premier écueil souvent rencontré est la famille elle-même. Pour finir je ne parlerais même pas des médecins scolaires ou assistante sociale de plus en plus rares dans les établissements faute de moyen.
Il me semble donc que ce documentaire a une thèse très crédible, celle d'un groupe de journaliste en quête de reportage choc qui ne vérifie pas suffisamment ses sources.