Sondage / FN Hénin-Beaumont : les médias oublient la marge d'erreur

David Medioni - - 0 commentaires


50,5 % : un sondage IFOP publié par La Voix du Nord et Europe 1 donne le candidat frontiste Steeve Briois, gagnant aux municipales à Hénin-Beaumont (Pas de Calais). Les médias embrayent, le Grand Journal se base sur ce sondage pour interroger Arnaud Montebourg. Sans jamais évoquer la fameuse marge d'erreur mise en exergue notamment par Le Monde et Mediapart.

Attention sondage explosif. Mardi 18 février,La Voix du Nordet Europe 1 publient un sondage réalisé par IFOP selon lequel le candidat FN, Steeve Briois l’emporterait d’une courte tête (50,5%) à Hénin-Beaumont (Pas de Calais) lors des municipales de mars. Evidemment, outre la Voix du Nord et Europe 1, de nombreux médias l'ont relayé. C’est le cas d’Itélé, de BFM TV, de 20Minutes, des Echos, du Télégramme, du Figaro ou encore de Metronews. Chacun insiste sur la victoire possible du candidat FN dans cette ville emblématique où Marine Le Pen avait fait un excellent score en 2012 et où Jean-Luc Mélenchon avait été largement battu aux législatives par la présidente du FN.

Même le Grand Journal reprend le sondage et un extrait d’interview de Briois. Objectif : interroger Arnaud Montebourg sur ces électeurs de gauche qui vont voter FN.

Montebourg rétorque que rien n’est fait et que l’"on est dans la marge d’erreur…"

pictoRegardez la séquence.

La marge d’erreur. Avant de se rendre sur le plateau du Grand Journal, le ministre du Redressement Productif avait certainement dû lire Le Monde. En effet, mardi 18 février, Le Monde publiait un article intitulé "Le Front national à Hénin-Beaumont, le sondage et la marge d’erreur". Dans ce papier, le quotidien insistait sur la méthodologie contestable de l’étude. « Dans la partie méthodologie de l'enquête, on apprend qu'elle a été réalisée auprès de cinq cents personnes inscrites sur les listes électorales et représentatives de la population. Outre les précautions d'usage concernant l'interprétation de ces données – qui « ne constituent pas un élément prédictif des résultats le jour du vote » –, l'institut de sondage rappelle que « la théorie statistique permet de mesurer l'incertitude à attacher à chaque résultat d'une enquête", détaille le journal.

Avant d’ajouter : "En clair, pour ce sondage et étant donné le score attribué aux candidats, la marge d'erreur est de 4,5 points ; ce qui représente un score compris, pour Steeve Briois, dans l'intervalle (50,5 - 4,5 ; 50,5 + 4,5). Même chose pour le candidat de la gauche et actuel maire, Eugène Binaisse : sa performance au second tour se situe dans l'intervalle (49,5 - 4,5 ; 49,5 + 4,5). L'incertitude est donc telle qu'il est impossible de conclure à la victoire de l'un ou de l'autre au second tour."

Interrogé par Le Monde, Frédéric Dabi, directeur de l’IFOP, reconnaît que l’on est dans "la marge d’erreur" mais que le fait majeur est la "dynamique Briois et le fait que le FN sera nettement en hausse par rapport aux scores de Marine Le Pen aux présidentielles et aux législatives". Le Monde n'a pas toujours été si attaché à la transparence. Comme @si l’avait remarqué, en 2011, Le Monde avait refusé de dévoiler la marge d’erreur et les résultats bruts d’un sondage qu'il avait lui-même commandé sur les intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle. Mais une prudence très certainement guidée également par la volatilité des sondages dans cette ville du Pas de Calais.

L'occasion de parcourir notre dossier "Sondages".

Lire sur arretsurimages.net.