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poisson
En 2012, c'est fini, définitif, c'est la fin de l'internet en friche.
Chacun a marqué son territoire, occupé son terrain, trouvé sa place ou sa non place.
Le grand brassage euphorisant qui faisait se télescoper des trajectoires improbables a fait place après décantation à des couches non miscibles entre elles. Reste une fine émulation de contact, à peine.
Des blogs entiers ont été refondus, élaguées les mauvaises branches qui faisaient tâches, rabiotées les remontées vaseuses des couches profondes. Des forums entiers déserts, ou effacés.
Un internet de surface avec son aspect visible qui ne doit rien à son archéologie souterraine engloutie et perdue, mais tout au passé de la société IRL qui lui a imposé son point de vue, son modèle. Un internet plus propret, qui souvent gomme perpétuellement son passé.
L'aventure est finie. On sait qui, que, quoi, où, quand, comment.
Internet a fini de se peaufiner, et nous sommes tous revenu à notre point de départ, renvoyé à nous-même, qu'est-ce qu'on s'imaginait?
La presse s'est reprise sa loi de l'immédiat en pleine figure, après avoir fait semblant que c'était nouveau.
Il faudrait inventer des "micro-sites payants sans pub" en kit? À un euro par an l'abonnement. Rémi Gaillard est millionnaire de vues, pourquoi pas de sous? Techniquement impossible: ouarf! -
Dominique Flaux
Bonjour,
C'est étonnant. Des blogueurs qui écrivent gratuitement, ça fait débat. Les journalistes salariés s'interrogent, pèsent, soupèsent, évoquent l'éthique, dénoncent l'exploitation.
Mais un programmeur qui réalise gratuitement votre appli iPad, c'est juste un gars sympa. On ne pas chercher midi à 14h... Comment expliquez vous cette différence de traitement ?
Cordialement
Dominique -
Yanne
Tour d'horizon intéressant des pratiques.
Je m'interroge quand même sur le métier de blogueur. Sur Mediapart, comme le fait remarquer Sleepless, les blogueurs sont aussi très sollicités et constituent l'un des attraits principaux du site.
Mais les interventions se font davantage dans une visée démocratique, de prise de parole dans l'agora virtuelle de Mediapart. Le blogueur ou la blogueuse donne son avis, qui ne reflète pas forcément l'opinion du journal. Et même si c'est l'occasion de précieux compléments d'information. Parfois, il y est mis en exergue certaines problématiques chères à l'auteur, dans un but militant.
Dans ces conditions, doit-il être rétribué ? Non, sans doute ! Surtout si le texte n'est pas sollicité en tant que tel et si le blogueur peut refuser d'être mis en une.
En droit, à partir du moment où il y a sujétion, autrement dit s'il est demandé un résultat tel que la fourniture de textes régulièrement, il s'agit d'une activité salariée, sauf si dans le même cas de figure, il s'agit d'une profession libérale, auquel cas, il y a paiement d'honoraires.
Nous sommes donc dans ces deux cas bien particuliers qui ouvrent droit à paiement d'émoulûments.
Il n'y a aucune obligation à payer un blogueur, sauf dans les deux cas bien précis énumérés. Sauf peut-être s'il le demande, mais il entre alors dans le cas du contrat. -
sleepless
Excellent papier Dan, merci, bien complet.
Sauf que.
Pourquoi n'y a-t-il rien sur Mediapart, alors que son concept de blog est tout aussi digne de questionnement : on paye un abonnement, on a droit à un espace pour bloguer. Et si d'aventure ce qu'on y écrit plaît à l'équipe, on peut recevoir une proposition pour intégrer une des "éditions", "journaux" parfois créés par d'autres abonnés.
Mais "journaux" parfois chapeautés par un journaliste, et là, la donne change. Car il faut répondre à des contraintes précises, comme accepter d'être relu, corrigé, modifié, repris, être aussi sollicité si l'on n'est pas très actif, pour pondre du papier (voir le guide du coordonnateur). Bref, être dans l'exacte position d'un pigiste.
Sauf que le tout est non rémunéré, bien sûr.
Alors, pourquoi ce silence sur Mediapart ? -
Al Ceste
//La future patronne du "Huff Post" français prenait la plume pour tenter de convaincre quelques signatures prestigieuses de la rejoindre, tout en précisant que leurs contributions ne seraient pas payées. "Mais nous leur donnerons la plus grande visibilité possible, grâce je l'espère, à la force de frappe du Huffington Post", précisait Sinclair.//
Nanméoh, vous devriez éviter de poster ça quelques heures avant un réveillon où on se doit d’arriver en pleine forme physique et morale !
Cet argument fauderche traîne sur le net depuis quasiment le débuts des blogues, quand des petits malins d’e-winners ont demandé à des blogueurs le droit de publier leur articles avec pour tous salaire le référencement en signature ! Petits malins car sachant pertinemment que la flatterie est l’arme la plus puissante qui soit, il suffit de voir comment sont « bien vus » les asinautes qui cirent les pompes à la DS team ou lui tendent leur bouteille (qu’alliez vous croire, petits vicieux) au pique-nique rituel.
Petits malins car ils inventent le travail gratuit ! Car ils rejouent Bertrand laissant Raton se brûler en tirant les marrons du feu !
Madame Cocuemaiscontente ne craint pas la gelée du paradoxe quand elle propose une « plus grande visibilité » à des « signatures prestigieuses » qui, de par leur prestige réel ou fabriqué, ont déjà ce qu’il faut en magasin. Ni de passer pour naïve de penser que les VIP bossent gratos : chez ces gens-là, Monsieur, on donne pas, on prend. Ne le répétez pas, mais on dit qu’elle est de gauche…
PS Remarquez, c’est comme ça que je me suis fait avoir par Rue89. Sauf que c’est fini et que, malgré leur demande expresse, ils ne m’y reprendront jamais. Riché, si tu me lis… ben tu me liras pas ! -
AA
[quote="Nous ne payons pas les blogueurs. Par souci de bonne gestion, mais aussi par principe. Nous leur offrons une tribune, de la visibilité, ils nous apportent leur expertise, posent un regard décalé sur notre fonds de commerce, l’actualité, bref nous alimentent et nous différencient. Valeur contre valeur, l’échange est égal – et s’il ne l’était pas, me dis-je, les blogueurs nous fuiraient."] Eric Mettout.
Sur @si, ils ont tout compris: ils écrivent « ego » et les contributeurs sont contents... :-)
Enquête bien fouillée, comme d'hab avec Dan. -
Hurluberlu
La réaction indignée des blogueurs aux propositions léonines d'Anne Sinclair, comme le rachat de rue89, qui après 4 ans d'existence n'a toujours pas réussi à gagner un euro, laisse entendre que les prophètes de l'économie de la gratuité/gratitude grâce au monde fabuleux du ouaibedeupoinzérau ont peut-être oublié un peu vite les principes économiques de base. Rappelez-vous: il y a encore deux ans, alors que la crise était pourtant déjà là et que rue89 avait toujours besoin d'investisseurs nouveaux pour continuer à exister, le site vantait (Internet:la gratuité sauvera les profits, mouahahaha) le livre Free du liberatarien taré Chris Anderson, dont il publiait aussi les bonnes feuilles.
J'aimerais bien savoir ce qu'il en est des sites des journaux (non pure players) en matière de modèle économique: le passage de certains à des formules d'abonnement premium (= une partie payante) marche-t-il? les pages gratuites sont-elles rentables sans artifice comptable qui permettrait de moins valoriser la production d'informations, rattachée au papier (je me souviens que c'était un élément pointé par les syndicats du monde lorsque le site afficha sa première année bénéficiaire: les coûts de production étaient en fait minorés, car rattachés à la rédaction papier)? etc. -
Florence Arié
J'ai une question un peu secondaire, mais je me lance même si ce n'est pas très gentil: je m'interroge depuis un moment sur le blog US de Libé, "Big America" tenu par deux journalistes-correspondants permanents. Sans compter que les billets sont parfois des reprises (non avouées, parfois oui parfois non, c'est le pb) d'articles US, c'est bourré de fautes de syntaxe, aboutissant même parfois à des non-ses ou contresens.
Bref, pas soigné du tout. Par exemple le dernier billet. -
Mon Nombril
Une réflexion en cours chez @si ?