Site France télévisions : bilan mitigé pour Patino (BFMTV.com)

David Medioni - - 0 commentaires

Bruno Patino, orfèvre du numérique, vraiment ? C'est la question que pose en creux BFMTV.com dans une enquête en trois volets, publiée jeudi 20 mars, et dont il ressort que le bilan numérique de France Télévisions n'est pas aussi positif que le groupe aime à le dire.

Presque 4 ans que Rémy Pflimlin, PDG de France Télévisions a confié à Bruno Patino, la direction de l'ensemble des activités numériques de l'entreprise publique. De prime abord, tout paraît parfait. Dans l'affichage tout du moins, Patino a su faire savoir que le groupe se tournait résolument vers la modernité et épousait, voire donnait le La en matière d'innovation numérique pour les médias. Mais quelle est vraiment la réalité du bilan ?

Dans une enquête en trois volets, publiée, jeudi 20 mars, BFM TV.com (les papiers sont , ici, et ici) s'est penché sur les différents aspects du "vrai bilan numérique de France Télévisions".

Dans cette enquête documentée, trois faits majeurs apparaissent. D'abord, la débauche de moyens pour le web. Ainsi, note BFM TV.com, "Le budget a plus que triplé: il est passé de 23 millions d'euros en 2009 à 46 millions en 2011, et enfin 78 millions en 2014. Et encore, c'est moins que les chiffres mirifiques promis initialement."

Et notre confrère Jamal Henni d'ajouter : "grâce à tout cet argent, l'effectif a doublé". Mais le gain en audience n'est pas proportionnel. "Cette débauche de moyens a donné quelques résultats. L'audience sur internet fixe a gagné quelque 2 millions de visiteurs uniques (+27%). Toutefois, les chaînes publiques sont soupçonnées de doper artificiellement cette audience en achetant des mots clés sur Google -en interne, la rumeur parle de 700.000 à un million d'euros dépensés par an". Problème, analyse BFMTV.com, "les recettes n'ont pas suivi l'explosion des dépenses: elles devraient atteindre cette année environ 30 millions d'euros, contre 19 millions d'euros en 2009." Résultat : la filiale numérique devrait perdre en 2014 environ 45 millions d'euros, alors que les activités internet de TF1 sont largement rentables avec 20% de marge opérationnelle, relève Henni. Une faible rentrée publicitaire qui a conduit à l'abandon de l'objectif du triplement de la publicité à l'horizon 2015. Surtout, BFM note le choix surprenant de ne pas mettre de publicité sur francetvinfo, la plateforme d'information du groupe, pour ne pas menacer les ressources publicitaires de la presse écrite.

Autre enseignement, selon nos confrères, les innovations présentées par le groupe sont en fait des "trompe l'oeil". "Beaucoup de services lancés depuis 2010 et présentés comme des innovations ne sont en réalité que le revamping de services déjà existants", écrit Henni. Et de citer en exemple Salto qui permet de revenir au début d'un programme en cours, lancé en 2012 et qui est en fait "la généralisation d'une fonctionnalité lancée sur le web dès juin 2009." Idem pour les plateformes Culturebox et curiosphère.

Enfin, dernier enseignement de cette longue enquête : la réussite de la plateforme francetvinfo.fr, globalement innovante et très bien acceptée en interne. Toutefois, si l'audience est plutôt au rendez-vous et que le résultat est plutôt positif, BFMTV.com note que l'audience de 5,3 millions de visiteurs uniques par mois est en fait une agrégation des sites francetvinfo.fr, mais aussi des sites "d'info régionaux et ultra-marins, d'un site culturel et d'un site sur la géopolitque".

Reste un aspect que BFMTV.com, traite dans un encadré : "la secte Patino", constituée de nombreux cadres que le numéro 2 du groupe a amenés avec lui. C'est ce qu'@si avait appelé "la bande à Patino", dans notre portrait de l'intéressé.

Le site de BFM souligne enfin honnêtement qu'il se trouve en concurrence avec celui de France Télévisions. Rappel utile.

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