« Sale nègre » : un cadre du FN suspendu après des insultes racistes

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Une vidéo, mise en ligne anonymement sur Twitter ce week-end, incrimine le numéro 2 du FNJ Davy Rodriguez. On l'y voit proférer des insultes racistes à l'encontre du videur d'un bar lillois.

Confondu par une vidéo. Le numéro 2 du Front national de la jeunesse (FNJ) Davy Rodriguez a été filmé, vendredi soir, à Lille, en proférant une insulte raciste à l'encontre du videur d'un bar dans lequel il se rendait avec des amis. Sur la vidéo, mise en ligne par un compte anonyme, depuis supprimé, et rapidement repostée par d'autres internautes, on aperçoit un homme, identifié comme Rodriguez, retenu par ses camarades, qui lui demandent de ne pas s'énerver. "Tu penses que Sébastien Chenu aimerait te voir comme ça?", dit l'un d'eux -Rodriguez est l'assistant parlementaire du député FN. Mais Rodriguez, très remonté, le rabroue - "j'en ai rien à branler de Sébastien Chenu"- et éructe au moins une insulte raciste, entendue distinctement : "espèce de nègre de merde".

La scène, relatée par Buzzfeed ce matin, a été confirmée par plusieurs témoins, dont des frontistes, témoignant sous couvert d'anonymat. Selon le videur concerné, Cédric, interrogé par Buzzfeed, Rodriguez s'en serait pris à lui sans raison, alors qu'il était en discussion avec un autre client. "Il y a un jeune homme qui entrait dans la salle alors que moi je sortais. Il est censé tirer la porte mais il a poussé, et moi je poussais aussi. Il a dû se coincer le doigt, il m'a dit que je lui avais fait mal. Et puis ce monsieur (Davy Rodriguez) est venu alors qu'il n'y avait pas de problème, et a dit : "Ne lui adresse pas la parole, ces gens-là n'ont pas d'éducation" C'est en allant demander une explication à Rodriguez sur ces paroles insultantes que le jeune frontiste se serait mis en colère, lançant, selon le videur : "Sale Africain, rentre chez toi en Afrique, singe, tu n'as rien à foutre ici !" Il a assuré vouloir porter plainte.

Une "cabale politique", pour Rodriguez

Joint par Buzzfeed, Rodriguez a nié toute implication, évoquant une "cabale politique". "J’ai vu cette vidéo qui est un pur montage, commente-t-il. On a essayé de hacker mon compte Facebook et Twitter. Ce sont des gens qui sont extrêmement experts en informatique. Ma seule capacité c’est la justice".

Cependant, même du côté du Front National, peu se risquent à le défendre. Sébastien Chenu, dans un premier temps, interpellé dimanche au congrès du Front National, a d'abord assuré garder toute "confiance" en son collaborateur : "Il  y a des gens qui jettent des noms en pâture, sans aucune preuve, et qui affirment que des gens ont tenu des propos contestés par les intéressés. (...) Je ne sais pas qui a tenu ces propos, moi je les condamne, je les ai condamnés toute ma vie." Mais un peu plus tard, au Parisien, il a indiqué qu'il allait "proposer de suspendre Rodriguez, afin que lumière soit faite." Suspension qui aurait été acceptée par Marine Le Pen, selon un journaliste de l'Express, Alex Sulzer.


Stephen Bannon, invité d'honneur du congrès du FN

Cet épisode survient au milieu du congrès du Front national, à Lille, dont Stephen Bannon, le sulfureux ex-conseiller stratégique de Donald Trump à la Maison Blanche est l'invité d'honneur. Après avoir rendu un éloge appuyé à Marion Maréchal-Le Pen dans son discours, il a invité les frontistes à se laisser "appeler, racistes, xénophobes, nativistes". Avant d'ajouter : "Portez-le comme un badge d'honneur, car chaque jour qui passe nous sommes de plus en plus forts tandis qu'eux s'affaiblissent." Bannon est le directeur du site de l'alt-right américaine Breitbart, dont nous vous parlions ici, porte-drapeau de l'Amérique blanche, xénophobe et conservatrice très active pendant l'élection présidentielle américaine, pour faire élire Trump.


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