Rwanda / sketch : "regrets" de Canal+

Laure Daussy - 31 décembre 2013 - 0 commentaires

Jusqu'où peut aller l'humour? Un sketch diffusé sur Canal+ et mettant en scène le génocide rwandais a suscité la polémique. Ce lundi, la chaîne

"regrette" l’interprétation de ce sketch et explique qu'il s'agissait de "parodier" une émission.

"Fais dodo, Colas mon p’tit frère / (...) Maman est en haut, coupée en morceaux". C'est une reprise très particulière de la célèbre comptine que l'on pouvait entendre dans le sketch de Canal+. Le sketch se voulait une parodie de l'émission "Rendez-vous en terre inconnue" de Frédéric Lopez diffusée sur France 2. Ici, un animateur de télévision se trouve au Rwanda avec deux comédiens, qui font la connaissance d’un Tutsi rescapé du génocide de 1994. Ce sketch a été diffusé sur la chaîne cryptée le 20 décembre, dans le cadre de l’émission humoristique "Le débarquement". Il a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, ici, ici ou encore là. Des réactions qui soulignent le plus souvent une indignation à deux vitesses, entre les sketchs de Dieudonné et celui-ci sur le génocide rwandais.

Des voix se sont élevées pour dénoncer le sketch. Dans une tribune publiée lundi dans Libération et intitulée "Canal+ à mourir de rire", l’écrivaine rwandaise Scholastique Mukasonga, prix Renaudot 2012, a dénoncé "l’innocence tranquille du racisme ordinaire". "On s’est tordu de rire sur les canapés des téléspectateurs", grince-t-elle. "Cela ne semble gêner personne, comme ce qui se passait au Rwanda au printemps 1994. Moi, ce sketch m’a indignée", écrit celle qui a perdu de nombreux membres de sa famille lors du génocide rwandais. Une pétition pour demander des excuses à Canal a également été lancée sur internet.

Lundi, Canal+ a donc réagi dans un communiqué. "Ce sketch ne visait en aucun cas à porter atteinte à la mémoire de victimes du génocide rwandais", a expliqué la chaîne, mais "visait à caricaturer et dénoncer l’attitude de certains occidentaux ne s’intéressant qu’à eux mêmes, en arrivant dans un pays qui leur est totalement étranger". Le communiqué ajoute: "Le choix d’un pays ayant connu une période de massacres visait à créer un contraste extrême entre la gravité des faits et l’attitude désinvolte des supposés invités d’une émission parodiée. Nous regrettons que ce sketch ait pu être interprété autrement."