Ruffin votera Macron, mais "n'appelle à rien du tout"
Capucine Truong - - 0 commentairesInterrogé par Elise Lucet dans l'émission Envoyé Spécial du 27 avril consacrée au combat des ouvriers de Whirlpool, François Ruffin, journaliste et candidat aux législatives dans la Somme, a déclaré qu'il voterait Macron au second tour de l'élection présidentielle pour faire barrage au Front National. Sans toutefois, tient-il à préciser, appeler quiconque à le faire.
Ceux qui regardaient la télévision mercredi dernier ont du voir ces images d'Emmanuel Macron assailli par la foule des journalistes et des ouvriers de l'usine Whirlpool, menacée de délocalisation. (Pour ceux qui ne l'ont pas vu, c'est ici) Ils ont du voir aussi ce container rouge sur lequel Macron a même songé monter, et se dire qu'il ressemblait fort à celui d'Elise Lucet, de l'émission Envoyé Spécial. Et... c'était bien celui là.
François Ruffin était l'invité d'Elise Lucet dans le dernier numéro d'Envoyé Spécial consacré au cas Whirlpool. Interrogé sur le nom qui figurerait sur son bulletin de vote au second tour de l'élection présidentielle, opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron, Ruffin a eu une réponse contrastée : "C'est un peu comme lorsque vous allez aux toilettes, vous aimez bien fermer la porte. Là c'est le principe de l'isoloir, c'est qu'il y a un rideau, parce que c'est quand même pas la première fois que je devais avoir à faire un geste dont je ne suis pas fier au 2e tour d'une l'élection, mais néanmoins, quand bien même je vais glisser un bulletin Emmanuel Macron dans l'urne, qui n'a pas besoin de ma voix pour être élu parce que je pense qu'il le sera, je serai un opposant ferme à Emmanuel Macron dès le 8 mai au matin. D'ailleurs, je le suis déjà."
De nombreux titres de presse ont immédiatement repris l'information, comme Les Inrocks, Le Figaro, Le Lab d'Europe 1, ou l'Obs.
Le candidat aux législatives dans son fief de la Somme s'en est amusé sur son site internet. "Je souffre d'une maladie grave : Laurent Joffrin approuve mon "bon sens", L'Obs me juge "responsable", même Jean-Michel Aphatie salue une "décision ferme (...) Micros et stylos me courent aujourd'hui après pour que "j'appelle à voter Macron". Or, je n'appelle à rien du tout. Je ne délivre aucune consigne à personne."
Il a ensuite précisé sa position. "J'ai oeuvré de mon mieux pour nous éviter ce dilemme entre la peste et le choléra. Mais nous y voilà: la peste ou le choléra. Et oui, malgré moi, en mon âme et conscience, je choisis. La mort dans l'âme et la rage au ventre." Pour lui, pas question néanmoins de se rendre. Le véritable combat se mènera dès le lendemain du second tour, pour vaincre aussi bien Macron que Le Pen. "En rouvrant une espérance, généreuse, combative et populaire."
L'occasion de revoir notre émission avec Emmanuel Todd, historien et démographe et Olivier Tonneau, professeur de littérature française à Cambridge : "Je prends le risque. Je vais m'abstenir. Dans la joie."