Rions des agressions sexuelles avec La Provence

Justine Brabant - - (In)visibilités - 0 commentaires

"Médecin tripoteur", "audacieux généraliste" : le ton se veut léger. Le sujet ne s'y prête pourtant pas. Dans son édition du lundi 14 décembre, La Provencedécrit en des termes étonnamment légers la condamnation d'un médecin marseillais pour "agression sexuelle par personne abusant de son autorité".

La brève rapporte la condamnation à un an de prison avec sursis (assortie d'un an d'interdiction d'exercer) d'un médecin marseillais pour agression sexuelle. Elle n'est pas rédigée par n'importe qui : Denis Trossero est le chef du service police-justice de La Provence. Son titre ? "Marseille : prison avec sursis pour le médecin tripoteur". Un qualificatif familier et léger, qui donne une idée assez précise du ton de la suite de la brève.

Capture par @jmleforestier

Sous la plume du journaliste de La Provence, agresser sexuellement devient ainsi "pousser le bouchon un peu loin" (en témoigne l'accroche : "Il a poussé le bouchon un peu loin, le Dr Jean-Alain Acquerone"). Le médecin condamné est désigné comme "l'audacieux généraliste", et la description de ses attouchements sent bon la gaudriole : "L'audacieux généraliste lui avait retiré son string, avait massé ses mollets jusqu'au dos, avant de la gratifier d'une tape sur la fesse. Autant de gestes médicaux peu conformes à la déontologie habituelle. L'ennui, c'est que la patiente avait bien compris que les actes pratiqués n'avaient rien de gestes médicaux."

Et lorsque "l'ennuyeuse" agression conduit le mari de la patiente à "casser la gueule" du médecin, l'auteur de l'agression sexuelle deviendrait presque la victime de l'histoire : "Autant dire la double, voire la triple peine, avec cette condamnation prononcée il y a quelques jours à un an de prison avec sursis, majorée d'une interdiction d'exercer pendant un an. Le médecin a fait appel", conclut La Provence.

Un autre quotidien local, La Marseillaise, fournit un exemple de traitement plus factuel et complet de l'affaire. On y apprend que les attouchements n'ont pas seulement consisté à "gratifier" la patiente d'une tape sur la fesse, mais que le médecin a également "pos[é] une main au niveau de son sexe et de son anus" après lui avoir dit "tu as l’air d’être quelqu’un de sensuel" et enlevé son string. Le médecin avait d'abord bénéficié d'un non-lieu du juge d'instruction. Mais la cour d'appel a estimé que "l’acte médical manqué derrière lequel il s'abrit[ait], n’[était] pas crédible", évoquant une "mise en scène à seule fin d’accomplir le geste poursuivi". Des détails qui, il est vrai, sont difficiles à raconter sous un jour cocasse.

La même condamnation, rapportée par La Marseillaise

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