Revenu universel : Valls ouvre le débat...
Anne-Sophie Jacques - - Alternatives - 0 commentaires... qui n'a jamais été fermé
Le revenu universel : le sujet revient régulièrement à la faveur de l’actualité. Et qui crée l’actualité en l’occurrence ? Le premier ministre en personne. Hier, sur son compte Facebook, Manuel Valls a annoncé l’ouverture d’un chantier sur le sujet. Interrogé ce matin sur France Info, il est revenu… sur ce revenu dont il souhaite faire le grand débat de la dernière année du quinquennat. Pour autant, le débat n'a jamais été clos.
Et voilà le grand retour du revenu universel. Comme le signale Le Huffington Post, le premier ministre a annoncé hier sur son compte Facebook l’ouverture du chantier sur le sujet. Mais attention, précise Manuel Valls, il ne s’agira pas "d’une allocation versée à tous, y compris à ceux qui disposent de revenus suffisants – cela serait coûteux, et n’aurait aucun sens – mais une allocation ciblée, versée à tous ceux qui en ont vraiment besoin. Depuis des années, ce sujet est évoqué, sans que jamais le travail ne soit mené à son terme. Il nous appartient aujourd’hui d’en poser les jalons, d’en identifier les conditions et les contraintes." Mais quand ? Interrogé ce matin par France Info, le premier ministre assure que "c’est un chantier qui enjambe le quinquennat pour une application en 2018."
Est donc déclaré ouvert le grand débat sur le revenu universel qui devrait occuper, selon le premier ministre, la dernière année du quinquennat. Pour autant, ce débat n’a jamais été fermé. En effet, comme nous le racontions ici, le revenu universel – ou revenu de base – fait l’objet de nombreuses définitions. Pour simplifier, disons qu’il faut distinguer un revenu universel "de droite", qui vise notamment à réduire la dépense publique sur la protection sociale, et un revenu universel "de gauche" qui vise à se libérer du travail.
Parmi les tenants du premier : Frédéric Lefebvre (Les Républicains). Il souhaite de longue date la mise en place d’un revenu de 800 à 1000 euros pour tous. Encouragé par le test grandeur nature mené en Finlande dès l’an prochain (une première en Europe), le député des Français résidant en Amérique du Nord a déposé un amendement à la loi sur la République Numérique discutée à l’Assemblée en janvier dernier afin de proposer que le gouvernement commande un rapport sur la mise en place d’un revenu de base en France. Selon l’amendement de Lefebvre cité par le site du mouvement français du revenu de base, ce "revenu universel viendrait remplacer l’ensemble des aides sociales, le système actuel du revenu de solidarité active, de la prime pour l’emploi, des aides au logement et des exonérations de cotisations patronales". De droite, donc.
Parmi les tenants du revenu de base de gauche : Delphine Batho. L’ancienne ministre de l’écologie et députée socialiste a, au même moment que Lefebvre, déposé un amendement visant lui aussi la rédaction d’un rapport sur le revenu universel. Les deux amendements ont été rejetés. Argument avancé ? Selon le site Numerama, la ministre du numérique Axelle Lemaire a fait valoir que "la réflexion est engagée au sein du gouvernement, notamment par la ministre du travail ; des députés y travaillent également, en particulier Christophe Sirugue, qui s’est vu confier la mission de réfléchir à l’efficacité et à la lisibilité de certaines dispositions, notamment celles relatives aux minima sociaux". C’est dire si le débat était déjà ouvert.
Sauf que : comme le souligne là encore Numerama, si le rapport du député socialiste Sirugue rendu au premier ministre lundi dernier vise bien à réformer en profondeur les minima sociaux, il ne propose pas l’instauration d’un revenu de base. Son projet, résume Numerama, est de "créer «une couverture socle commune», accessible dès 18 ans, qui remplacerait intégralement les 10 aides identifiées. N’existeraient alors plus que deux revenus complémentaires, en plus du socle commun : un «complément d’insertion» pour les actifs, et un «complément de soutien» pour les personnes en situation de handicap et les personnes âgées". Mais pas un revenu de base donc qui, selon Sirugue, exigerait de remettre à plat l’ensemble de notre modèle de protection sociale. Il préfère donc botter en touche comme le regrette le site du Mouvement du revenu de base. Mais bon : puisque le premier ministre vient d’ouvrir un grand débat…