Retraites : des scénarios pas si catastrophiques ? (Libération)
La rédaction - - 0 commentairesOn n'a pas fini de débattre du rapport du COR à l'argent (des retraites). Alarmistes pour le gouvernement, pas si catastrophiques pour les autres, les interprétations des conclusions du rapport sur l'avenir des retraites varient selon les chiffres mis en avant. Dans un article publié ce jour, Libération assure que les scénarios ne sont "pas si catastrophiques".
Libération avance trois arguments pour relativiser les difficultés de financement du système de retraites :
1. Des déficits moins élevés qu'il n'y parait par rapport au PIB : "Selon le scénario moyen, le trou devrait ainsi passer de 32 milliards en 2010 à 102 milliards en 2050, laissant penser à une multiplication par trois du déficit. Petit détail : le PIB aura lui aussi doublé d’ici là, évoluant de 2 000 milliards aujourd’hui à près 4 000 milliards en 2050. En pourcentage de la richesse nationale, le besoin de financement passera ainsi de 1,7% du PIB 2010 à 2,6% du PIB 2050. Rapporté au PIB, le déficit serait donc multiplié par un et demi et non pas par trois. Dans le scénario optimiste, le besoin de financement va même stagner entre aujourd’hui et 2050, alors qu’en valeur absolue, il est censé passer de 32 à 71 milliards d’euros".
2. Pas besoin de repousser autant l'âge légal de départ à la retraite. A supposer que l'on n'augmente pas le montant des cotisations, le COR indique qu'il faudra repousser l'âge légal de départ à la retraite à 65,5 ans en 2020 et à 70,5 ans en 2050. Mais Libération souligne que ces chiffres impliquent que le rapport entre le niveau des pensions et celui des salaires des actifs reste identique. Or, "les dernières réformes - sur lesquelles le gouvernement n’entend pas revenir, et dont la plupart des syndicats ont fait leur deuil - conduisent déjà à une dégradation du niveau des pensions par rapport aux salaires. Comparé à la situation de 2008, le rapport entre pensions des retraités et salaires des actifs devrait ainsi baisser de 6% en 2020 jusqu’à 23% en 2050 selon le scénario optimiste, et de 4% en 2020 à 16% en 2050 pour le scénario moyen. Ce qui, au passage, ne signifie pas que les retraites vont baisser en termes réels, mais qu’elles vont augmenter moins vite que les revenus des actifs. Cette dégradation relative des pensions admise, l’effort en années supplémentaires de travail n’est plus le même. En 2020, pour les scénarios optimiste et moyen, il serait de plus ou moins quatre ans (au lieu de cinq), et tomberait à cinq ou sept ans en 2050 (au lieu de dix)". |
3. Une hausse des cotisations pas insurmontable. Le gouvernement refuse d'augmenter les cotisations pour ne pas alourdir les prélèvements obligatoires. Or, selon Libération, cette hausse pourrait être envisageable : "En ne jouant que sur ce paramètre, c’est-à-dire en partant au même âge moyen et avec la même pension que le prévoit la législation, il faudrait augmenter les prélèvements de 3,8 à 4,2 points d’ici à 2020 et de 3,8 à 6 points en 2050 (scénarios optimiste et moyen). Le taux de prélèvement global sur les rémunérations brutes étant de 28,8%, cette augmentation correspondrait à une hausse des prélèvements comprise entre 13% et 20% d’ici à 2050". C'est beaucoup, mais ce n'est pas irréalisable.
Cette grille de lecture montre que la situation ne serait pas si alarmiste et que l'urgence décrétée par le gouvernement - avec les sacrifices qui vont avec - n'est pas si évidente.
Et si l'Etat décidait d'appliquer le calcul des retraites du privé à celles du public, le pourrait-il ? Relisez notre observatoire : "Retraite des fonctionnaires : un hic informatique ?"