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Thomas
Merci à nouveau pour ce documentaire que je viens de regarder in extremis.
Il me bouscule parce que je ne comprends pas bien la position du réalisateur vis à vis de son sujet, ses intentions bonnes me provoquent de la gêne (en quoi ne suis-je pas voyeur en regardant cela?), bousculé par l'intuition qu'outre l'enchainement de circonstances dramatiques dans la vie de Koumba (pardon de la prénommer, mais son nom de famille n'est pas donné), il y a aussi un problème d'ordre psychologique chez elle qui n'est pas abordé de front mais juste suggéré (je n'ai rien pour le prouver, je m'excuse si je me trompe, mais j'ai sincèrement cette intuition)et de fait exploité (si ce problème existe, ses coups de gueule prennent une autre dimension, or ils sont une partie substantielle de son portrait. S'ils sont le signe d'un problème médical, il est indécent de les mettre autant en avant), bousculé enfin, et à la vérité dévasté, quand elle parle de sa fille perdue. Je suis aussi bousculé parce que je comprends pas trop si le propos est de dénoncer par l'exemple une situation générale (mais dans ce cas combien de cas "similaires"? combien de jeunes majeurs expulsés suite à une négligence dans l'obtention de papiers pourtant à portée de main?) ou juste de parler d'une vie singulière.
Je suis bousculé et un peu perdu (l'émission avec le cinéaste va m'aider j'espère), mais après tout c'est la force de ces documentaires de provoquer cela, et je vous en remercie.
(à la relecture trop de "je" et de "me" dans ce message, désolé. mais peut-être est-ce la nature de ce documentaire d'enclencher des réflexion à la première personne. Dans ce cas, merci) -
Bruanne
Captivée ! -
siboo
Merci pour cet excellent film, qui montre ce qu'il est possible de faire à partir d'une forme apparemment simple comme le journal vidéo, traitée ici avec style et inventivité. Damien Froidevaux le nourrit de son rapport avec Koumba, qui amène une grande richesse thématique. Hélas bien des documentaires sont approchés comme des enquêtes journalistiques et non comme des oeuvres d'art. Le débat sur "Le Cauchemar de Darwin" d'Hubert Sauper et ses entorses à la réalité passait à côté du film, qui décrivait le monde avec plus de vérité que bien des reportages télé.
Damien Froidevaux n'est pas journaliste. Il n'a pas à être objectif, ni exhaustif. Il n'a pas à s'interdire toute intervention dans la réalité des protagonistes. Il n'a pas à faire un film "représentatif" de quoi que ce soit sinon de son point de vue. Il tisse une histoire comme peut le faire un cinéaste de fiction, avec des personnages, des décors, un hors-champ, des situations parfois seulement évoquées, du mysticisme...
Selon moi, tout documentaire peut être vu comme une œuvre se suffisant à elle-même, au même titre qu'une fiction. Ce n'est pas un simple enregistrement de la réalité mais un moyen de nous parler du monde au-delà des images. Les protagonistes poursuivent leur vie loin de nos regards et c'est très bien ainsi. Pas besoin de retour sur enquête comme pour un article de presse.
La Koumba du film n'est pas tout à fait la Koumba de la réalité, c'est un personnage mis en scène par le réalisateur à travers ses cadrages (très beaux), le son, la lumière (violence du soleil pour la 1ère partie, douceur de l'ombre pour la 2ème), et le montage. Rien de tout ça n'est une trahison de la réalité, ce n'est que le moyen pour le réalisateur de traduire son point de vue. L'honnêteté d'un documentariste ne repose pas sur les mêmes principes que celle d'un reporter. La frontière entre les deux est parfois mince, mais notre regard critique doit aller au-delà des questions factuelles pour se pencher sur l'écriture, le dispositif, le cohérence du point de vue, le style, le tout en rapport avec les conditions de production et de diffusion...
Bien sûr on a le droit de s'interroger sur le rapport du film à la réalité factuelle (assez complexe pour "Le Cauchemar de Darwin"), sur la rencontre des participants et ce qu'ils sont devenus. Les questions d'éthique sont aussi intéressantes, car le matériau d'un documentaire est plus fragile que celui d'une fiction, notamment quand il filme des personnes en détresse.
Mais j'ai souvent été frustré par les émissions d'ASI sur les documentaires quand elles les observent par le petit bout de la lorgnette, en amenant les réalisateurs à se défendre de ne pas être journalistes. Un peu comme si je disais que l'enquête de Mediapart sur Cahuzac manquait de poésie. Parfois l'honneur est sauf et les invités parviennent à parler d'écriture documentaire, mais ça pourrait être fait sans ce malentendu de départ.
La prolifération des émissions de reportage, l'uniformisation des docs télé (cadrages bêtement descriptifs, voix off systématique...) font qu'on a du mal à parler correctement d'une oeuvre documentaire. Heureusement des plateformes comme Tënk proposent des films plus personnels. Rien que le titre "Regardez la mort du Dieu Serpent" invite à autre chose que des questions sur la rixe ou la situation administrative de Koumba. Je me demande comment Damien Froidevaux a adapté sa mise en scène pour incorporer le jeu entre Koumba et lui, sachant que c'est parfois elle qui le met en scène comme dans ce plan magnifique où il la suit pendant qu'elle l'engueule, les deux personnages luttant l'un contre l'autre de part et d'autre de l'objectif, chacun avec ses armes : elle son corps et sa parole, lui sa caméra et son micro. Ou dans quel esprit il a travaillé l'image dans ce film très porté sur les ombres, à l'encontre des représentations habituelles de l'Afrique. Que Damien aide Koumba pour ses papiers s'inscrit parfaitement dans le rapport qu'ils développent, Froidevaux laissant tourner sa caméra quand d'autres l'auraient arrêtée. C'est incroyable comme le film parvient à trouver sa cohérence et sa grâce par l'acceptation de ces éléments "parasites". En ce sens le documentaire était le seul moyen de montrer Koumba, justement parce qu'elle en révèle les ficelles.
La personnalité de Koumba est si forte qu'on a envie d'en savoir plus sur sa vie, mais tout ça lui appartient et je pense qu'une émission sur le documentaire doit aussi s'intéresser à la forme et au sens des films, surtout lorsqu'ils vont bien au-delà du travail journalistique. Bref, encore merci pour ce film, j'espère que l'émission sera aussi enthousiasmante ! -
Faucon-Vert
C'est un très beau film, avec une très belle lumière et le Sénégal est bien filmé. Cette jeune fille pleine de rage de vivre crève l'écran, on comprend le choc de ce déracinement vers ce pays qu' elle n'a pratiquement jamais connu. J'ai hâte de voir les réactions des enfants de "Classe télé" ... -
gomine
hâte d'en savoir plus -
betissane
Si quelqu'un sait où trouver des informations sur la vie de Komba et de son enfant après le reportage.
Sinon j'aurais apprécié avoir plus de détails sur la "rixe" et comment cela à pu la mettre dans un avion. Elle n'avait pas d'avocat? Je n'ai aucune idée de la loi. Mais était-elle sans papiers? Avait-elle déjà un casier ? Sa situation administrative me parait bien flou. -
pellegri.philippe-182913 pellegri.philippe
Ce film démontre bien que les enfants d'immigrés nés en France sont bien des français et non des agents infiltrés des pays d'origine prêt à tout faire pour imposer les coutumes ancestrales. Il manque une 2nde partie qui décrirait les années vécues en France avant l'acte fatal! Cette gamine a payé bien cher toutes ses errances... -
AL&N
J'ai hâte de comprendre le rapport de Damien à Koumba. Déjà évoqué à propos de "la chasse au snark", la question de la distance au sujet me paraît ici plus complexe. On comprend que Damien aide Koumba à faire ses papiers. Etait-ce voulu dès le départ ? Fallait-il le montrer ?
J'attendrai le 23 juin pour avoir ma réponse ...
Merci pour la collaboration avec Tënk qui nous fait voyager dans des univers bien différents à chaque fois. -
gemp (ASiiii c'est finiiii... ♫♩)
Est-il normal que la plus haute définition ne soit que du 480p? Je sais que c'est filmé dans un pays de «sous-développés» mais quand même... -
gomine
chouette le retour des films Tënk !
ça manquait