Radio tunisienne : journaliste privée d'émission
Gilles Klein - - 0 commentairesLa reprise en main des médias tunisiens se confirme, si l'on croit l'exemple d'une journaliste qui a vu les deux émissions de débats qu'elle animait sur la radio nationale tunisienne supprimées comme le raconte La Croix (accès payant).
Bouthéina Gouia, journaliste tunisienne, était l’animatrice des émissions créées après la révolution du 14 janvier 2011 «Sur le chemin de la vérité» et «Entre rumeurs et informations» à la Radio nationale. Le 21 août, après avoir abordé les récentes nominations à la tête des médias, elle a vu aussitôt ses émissions supprimées, raconte La Croix. «Le gouvernement nomme des personnes qui lui sont redevables, y compris des proches de l’ancien régime pour assurer la main mise sur les médias, sans mettre le parti islamiste Ennahda en première ligne» déclare la journaliste citée par le quotidien français. Entre Gouia et sa direction, l'ambiance était tendue. Dans une interview au site Nawaat, Gouia raconte qu'elle a publié sur son profil Facebook la carte d’adhérent du PDG actuel de la radio (mis en place par Ennahdha) au RCD,le parti de Ben Ali. Triste paradoxe, ajoute La Croix : "Sous l’ancien régime, Bouthéina a subi une série de mutations abusives, de la presse écrite à la radio, de Monastir à Sfax. À la radio nationale jusqu’au 14 janvier, elle était interdite d’antenne de jour, cantonnée à la tranche de minuit à 3heures du matin" |
Autre exemple de la reprise en mains des médias par le nouveau pouvoir : les journalistes du groupe de presse contrôlé par l'Etat, qui édite les quotidiens Assabah (en arabe) et Le Temps (en français) se sont mis en grève, le 12 septembre, contre la nomination de leur nouveau directeur général Lotfi Touati (un ancien commissaire de police). Ce dernier avait le 30 août dernier, arrêté l'impression d'Assabah, pour remplacer la page 3 du journal par une publicité, car on y mentionnait une pétition de journalistes contre lui. Le 13 septembre, un journaliste qui aurait voulu barrer la route devant le véhicule conduit par Touati avait accusé ce dernier de ne pas s'être arrêté. Le journaliste a été transporté à l'hôpital, mais Touati parle d'une mise en scène.
"Six journalistes de Dar Assabeh ont été convoqués par la police à la suite d'une plainte déposée par le directeur général, Lotfi Touati, dont la nomination par le gouvernement est contestée par les syndicats" signalait hier l'AFP. Ils sont accusés d'empêcher leur directeur de travailler.