Rachat de Libé par SFR : "non changement" (Joffrin)
La rédaction - - Financement des medias - 0 commentairesNumericable-SFR (propriété de Patrick Drahi) va annoncer mercredi le rachat des médias possédés par le même Drahi : Libération, L'Express, L'Etudiant, la chaîne i24, et 49% du groupe Nextradio (qui détient BFMTV, BFM Business et RMC). Les conséquences journalistiques de ce tour de passe-passe financier ? Pour Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libé, il n'y en aura aucune. La société des journalistes et personnels du journal se dit "vigilante".
RAS chez Libé. Dans son édition du 26 avril, le quotidien publie une tribune de son directeur, Laurent Joffrin, à propos du rachat - qui devrait être annoncé officiellement le 27 avril - de Libé par SFR. Si le groupe change, l'homme aux manettes reste le même : Patrick Drahi. Car la manœuvre financière consiste à faire racheter par Numericable-SFR (propriété de Drahi) les médias détenus par le groupe Altice (propriété de Drahi) : Libération, L'Express, L'Etudiant, la chaîne i24, et 49% du groupe Nextradio (qui détient BFMTV, BFM Business et RMC).
Ce que cela changera pour Libé et ses journalistes ? Rien, assure Joffrin : "Ce changement se résume ainsi pour Libération à un non-changement, puisque les statuts du journal, et notamment la charte qui garantit son indépendance rédactionnelle, continuent de s’appliquer selon des modalités strictement identiques à ce qu’elles étaient depuis toujours, avec, en bout de chaîne, le même actionnaire de référence".
Un "non-changement" éditorial, mais une bien belle idée d'un point de vue financier, si l'on en croit le directeur de Libé, qui enfile pour quelques lignes le costume de consultant ès holdings : "Il s'agit en fait, non de modifier la gouvernance de Libération, mais de rapprocher, dans l'intérêt commun, un journal et un opérateur télécom capable de lui offrir des possibilités nouvelles de diffusion. (...) Selon la terminologie en vigueur, les opérateurs du contenant estiment qu'ils doivent aussi devenir les vecteurs du contenu offert par les médias. D'où ce rapprochement entre SFR et notre holding Altice Media Group, qui conjugueront leurs efforts pour favoriser la diffusion en France d’une information de qualité et indépendante."
La société des journalistes et du personnel de Libération (SJPL) ne semble pas aussi sereine que son directeur de la rédaction. Dans un texte publié en début d'après-midi, elle "fait part de sa vigilance quant aux conséquences de ce rapprochement." Parmi les risques potentiels : "celui de devenir dépendant d’un diffuseur numérique, d’autant plus qu’il s’agit de notre actionnaire majoritaire", estime la SJPL.
Autre aspect de ce "rapprochement", qui avait déjà été annoncé : la mise à disposition, pour certains abonnés SFR, d'un "pack presse" qui leur donnera accès à Libération, L'Express ou L'Expansion en ligne. Une fonctionnalité qui sera lancée en mai, et qui pourrait permettre au groupe de Drahi d'être moins taxé.