Qui se cache derrière la pétition pour @rrêt sur images et Mediapart ?
Sébastien Rochat - - 0 commentairesUne pétition en faveur de Mediapart et @rrêt sur images ?
Depuis ce mardi 10 novembre, une pétition soutenant les deux sites circule sur les réseaux sociaux. Mise en ligne sur le site Powerfoule.org, cette pétition, à laquelle nous sommes totalement étrangers, s'adresse à Michel Sapin, ministre du Budget, pour lui demander une amnistie totale ou partielle sur les pénalités qui "pourraient signer leur mort". Petites précisions : Mediapart a toujours affirmé ne pas être en danger de mort dans cette affaire, et @si ne doit pas payer de pénalités (mais des intérêts de retard).
Powerfoule.org ? Le site se présente comme un "nouveau mouvement citoyen français, indépendant et non partisan". Certaines pétitions affichent un compteur (comme pour celle demandant la révocation de Robert Ménard), d'autres pas.
Le site, géré par une association de type loi 1901, a été créé fin 2014 par François Chemillier, qui a notamment travaillé pour Avaaz.org, le site de pétitions en ligne. Powerfoule.org s'est fait connaître l'année dernière en finançant un sondage Opinion Way, relayé par Le Monde,selon lequel 73% des personnes interrogées étaient favorables à une peine d'inéligibilité à vie pour les responsables politiques condamnés pour fraude fiscale. Depuis, le site multiplie les pétitions sur des sujets très variés : contre les perturbateurs endocriniens, pour la mise en place d'une enquête indépendante "sur l'implication d'Auchan dans le drame du Rana Plaza" ou encore contre Nadine Morano après son dérapage sur la "race blanche".
Powerfoule.org revendique environ 30 000 membres. En réalité, il s'agit du nombre total de signataires de toutes les pétitions mises en ligne depuis un an. Que fait Powerfoule de cette base de données ? Est-elle revendue à des tiers ? Joint par @si, Chemillier s'explique. Il dit avoir fait avertir le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, de sa démarche avant la mise en ligne de la pétition. Mais tout semble avoir été fait dans la précipitation. Quand on fait remarquer à Chemillier que la pétition ne comporte pas de compteur, celui-ci nous indique que c'est toujours le cas au début "pour ne pas démotiver les futurs signataires". Sauf qu'après notre entretien, le compteur est apparu : presque 3 000 signatures à l'heure de la mise en ligne de cette brève.
De même, quand on fait remarquer à Chemillier que le site ne donne aucune information sur l'utilisation des données personnelles recueillies, Chemillier s'étonne : "Si ça ne figure pas, je vais le mettre à jour très rapidement". De fait, une demi-heure après l'entretien, Powerfoule indiquait dans sa "Foire aux Questions" que ces données "ne sont et ne seront jamais divulguées ni vendues à une tierce partie".
Pas de revente donc, mais elles seront bien utilisées : Chemillier explique qu'il envoie un mail à tous les anciens signataires pour les alerter de la mise en ligne d'une nouvelle pétition. Et à terme, il utilisera cette base de données pour lancer un appel aux dons en faveur... de Powerfoule.org. "On va essayer de lever des fonds auprès de fondations mais notre modèle économique, c'est le micro-don des membres". Traduction : les signataires seront amenés à financer Powerfoule. "Notre indépendance, on ne peut l'avoir que par nos membres", se justifie Chemillier. En attendant, le site est financé sur fonds propres par Chevillier (qui est bénévole) et une quinzaine d'amis.
Pour aider @rrêt sur images, vous pouvez souscrire à un abonnement exceptionnel de soutien sur la plateforme Ulule, ou nous faire un don, déductible d'impôts, sur le site Jaimelinfo.fr. Objectif : 500 000 euros !