Québec : Premier Ministre et leader étudiant face à face... dans Le Monde

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Négociations suspendues, dialogue rompu ? Communiquons par tribunes interposées dans Le Monde ! Le premier ministre du Québec Jean Charest, et Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole le plus médiatique des étudiants grévistes, préfèrent exporter le débat plutôt que de se rencontrer à la table des négociations.

Hier, dans les pages Débats du Monde, consacrées au conflit étudiant québécois, nul autre que Jean Charest, premier ministre du Québec, donnait son avis sur le printemps érable. Cette tribune était publiée à côté de textes d'opinions de personnalités québécoises favorables à la grève. Le conflit étudiant remonte à la fin mars 2010, lorsque le ministre des Finances Raymond Bachand dépose un budget qu'il qualifie lui-même de "révolution culturelle". Ce fameux budget prévoit la hausse des frais de scolarité de 75 % en 5 ans. Dans sa tribune, Charest condamne un "boycottage des cours par une minorité d'étudiants québécois" et rapelle que 70 % des étudiants ont terminé leurs trimestre d'études à temps. Le Premier ministre reprend l'argument phare du cabinet de la ministre de l'Education : les étudiants doivent prendre leur "juste part".

"Il va de soi que l'éducation joue un rôle central dans la réussite et le développement de la société. En ce sens, le Québec doit augmenter le financement de ses universités, lesquelles font face à des problèmes en raison de leur sous-financement. Sur ce point, tout le monde doit faire sa juste part : l'Etat, les institutions d'enseignement, le secteur privé et les étudiants." Jean Charest indique aussi que les droits de scolarité au Québec sont les plus bas d'Amérique du Nord, et que la province dispose du programme de prêts et bourse "le plus généreux du continent".

Une autre tribune, cette fois-ci du leader étudiant Gabriel Nadeau-Dubois, a été publiée quelques heures plus tard sur le site du Monde, laissant croire à une réponse de l'intéressé au premier ministre. "Avoir su que mon texte dans lemonde.fr côtoyait celui de Jean Charest... Il aurait été plus long!". Intitulée "Au Québec, le pouvoir libéral de Jean Charest est usé", le texte du porte-parole revient rapidement sur la genèse du conflit, et s'indigne de l'interruption des négociations par le gouvernement.

Nadeau-Dubois revient sur les moments marquants du "printemps érable" : le déclenchement de la grève générale illimitée par 11 000 étudiants le 13 février, les 300 000 grévistes le 22 mars, la "loi spéciale" anti-grève, les manifestations nocturnes, le concert de casseroles dans les rues. "L’ébullition politique et sociale est à son maximum", commente Nadeau-Dubois.

Alors que les négociations sont suspendues depuis quelque semaines et que les étudiants n'ont pas obtenu gain, le jeune leader de la CLASSE contextualise. "Quelle que soit l'issue de la grève étudiante, la vague de changement qui s'est ébranlée ce printemps ne s'arrêtera pas de si tôt". Il conclut avec enthousiasme : "Contre tous les préjugés, la jeunesse québécoise a accepté de jouer son rôle historique : défendre la justice sociale. Et nous sommes des centaines de milliers. Difficile de ne pas être optimiste".

Mais ce texte n'est pas vraiment une réponse à Charest : Gabriel Nadeau-Dubois n'a semble-t-il pas été mis au courant par la rédaction du Monde que son texte servirait de réponse à la tribune du Premier ministre.

C'est ce qu'il explique sur son compte twitter :

Pour ceux qui n'auraient pas suivi les débuts du printemps érable, tous les rappels utilses sont ici.

(Aude Garachon)

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