Quand l'Etat achète au Sri Lanka (Le Parisien)

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

 

 

Le made in France fait son grand retour et il est l’objet de toutes les convoitises politiques.

Quand François Bayrou annonce jeudi dernier sur France 2, dans l’émission Des paroles et des actes, qu’il "souhaite qu'on affiche sur les produits la part fabriquée en France" (il le redira au Grand Jury RTL-LCI-LeFigaro et lors de son meeting à Pau sous l’œil redoutable du Petit Journal), les autres candidats lui sont tombés dessus. Acheter français ? Mais Hollande le disait le même jour lors de son déplacement au Creusot, en Saône-et-Loire. Ah non, se rebiffe Marine Le Pen, c’est dans mon programme depuis le début. Quant à Yves Jégo, viré du gouvernement il y a deux ans, il accuse Bayrou de plagiat comme nous l’apprend Mathieu Deslandes, journaliste de Rue89, qui précise : "Jégo préconisait notamment la création d'un label «Origine France». Créé en mai dernier, ce label, porté par une quarantaine de produits, indique qu'au moins 50% de leur valeur provient de France. Des matières premières peuvent être importées mais les éléments doivent être assemblés en France." Le rapport est disponible ici.

On peut dire que ce label est passé totalement inaperçu. Sarkozy a tenu cependant à le sortir du placard hier lors de sa visite à l’usine de skis Rossignol de Sallanches (Haute-Savoie). Un rappel opportun, histoire de ne pas se faire distancer par les autres candidats, mais qui n’a pas convaincu les autres visiteurs comme le raconte Arnaud Leparmentier sur son blog du Monde.fr : "Sarkozy s’est heurté au PDG de l’entreprise TSL qui expliquait qu’il aurait mieux valu valoriser le made in France, en augmentant son contenu de valeur ajoutée à 70% comme l’ont fait les Suisses. Le patron de Rossignol, Bruno Cercley, a surenchéri, même s’il a adopté ledit label." Leparmentier souligne : "Nicolas Sarkozy a été mis en difficultés lors de cette table ronde dont les participants – c’est une première – ne servaient pas complètement les plats au président."

La presse est réservée sur ce retour du made in France, y voyant un coup de communication à peu de frais. En effet, acheter français ou produire français semble un vœu pieu dans un pays en voie de désindustrialisation. Pire : l’Etat et les entreprises (encore) publiques ne sont pas les derniers à s’approvisionner hors de nos frontières comme le révèle Le Parisien de ce matin : "Cette semaine, on apprenait que la production de la carte Vitale, fabriquée à Mareuil, en Dordogne, sera délocalisée en Inde. De même, la Poste, entreprise publique, a délaissé Peugeot pour attribuer au Taïwanais Kymco le contrat de fabrication des scooters (…) l’Etat lui-même n’est pas exempt de reproches. L’armée ne fait-elle pas fabriquer ses uniformes dans des pays comme le Maroc, la Chine ou le Sri Lanka ?"

D’ailleurs, est-il vraiment possible d’acheter français ? Hum, ça sent l’enquête pour l’éconaute…

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