Quand "Le Parisien" trappe une interview de Philippe Martinez (CGT)
Loris Guémart - - Silences & censures - Médias traditionnels - 6 commentaires
L'information est venue du Monde le 20 octobre : le directeur des rédactions du Parisien, Nicolas Charbonneau, a "trappé" (c'est-à-dire annulé une publication prévue) dimanche 16 octobre une interview du secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, dont la publication était pourtant prévue le lundi 17, en pleine grève des raffineurs. Auprès de Libération le 21 octobre, Charbonneau assume tout autant qu'il l'avait fait devant les représentants (furieux) de la rédaction du Parisien : "Il s'agissait simplement dans ce cas précis de rétablir un traitement équitable de deux acteurs d'un conflit social", a-t-il assuré, estimant que la publication de cette interview à côté d'un portrait du PDG de Total Patrick Pouyanné "pas flatteur" aurait causé un déséquilibre.
Résultat, Pouyanné a eu son portrait (pas farouchement critique), et Martinez a dû se contenter d'une citation perdue dans un long article portant sur le gouvernement, alors même que c'est le Parisien qui avait formulé cette demande d'interview. Le 11 octobre, il n'y avait pourtant eu aucun problème pour qu'une précédente interview de Martinez soit précédée d'un éditorial de Nicolas Charbonneau dénonçant, entre autres, "la posture des grévistes les plus extrémistes". Cerise sur le gâteau : alors que des journalistes du Parisien appelaient spontanément le cabinet de Philippe Martinez pour s'excuser, ni la direction ni la rédaction en chef du Parisien n'ont jugé utile de l'appeler… alors même que la CGT avait appris que l'interview ne serait jamais publiée en lisant le Monde. Cette vidéo est issue de notre émission en direct sur Twitch, Proxy.