Qatar / foot : journalistes allemands retenus à Doha

Robin Andraca - - 0 commentaires

Une équipe de journalistes allemands, qui tournaient un documentaire critique sur l'organisation de la Coupe du monde de football au Qatar en 2022, ont été retenus plusieurs jours fin mars à Doha. Le documentaire a été diffusé hier à la télévision allemande.


Des journalistes des chaînes allemandes ARD et WDR, les deux plus grandes chaînes de télévision publique allemande, ont été arrêtés le 27 mars au Qatar, alors qu'ils tournaient un documentaire intitulé La vente du foot : Sepp Blatter et le pouvoir de la FIFA. L'information est parue dans un communiqué publié hier par la WRD : "Pendant le tournage du documentaire, une équipe de prise de vue de la WRD a arrêtée au Qatar. Ces dernières années, la chaîne s'était déjà penchée sur les préparatifs de la Coupe du monde 2022, ainsi que les conditions de vie des ouvriers dans le pays. Notre équipe a été arrêtée alors que nous tournions une séquence avec des ouvriers à Doha. Nous avons été relâchés après 14 heures d'interrogatoire et nous n'avions pas le droit de quitter le pays pendant cinq jours. Nos caméras, ordinateurs et téléphones ont été confisqués puis rendus au bout d'un mois. Toutes nos données avaient été effacées et une partie du matériel endommagé", détaille le communiqué.

Sur Twitter, Florian Bauer, journaliste sur la chaîne ARD, confirme dans la foulée cette information et en profite pour interpeller la FIFA, (qui n'a pas répondu) :

"#Qatar2022 va affronter de nouvelles critiques. Arrêté au #Qatar, toutes nos données effacées, équipement détruit. Que répond la FIFA à ça ?"

Pourquoi avoir attendu le 4 mai pour communiquer, alors que cette arrestation remonte au 27 mars ? Peut-être parce que le documentaire en question (que les germanophones peuvent voir sur Youtube) était diffusé avant-hier, jour de la publication du communiqué, sur les deux chaînes allemandes. On pouvait notamment y voir les conditions déplorables de travail des ouvriers immigrés, engagés dans la construction des stades. A ce sujet, le Guardian révélait, en décembre dernier, que 382 travailleurs népalais étaient morts depuis le début des travaux il y a deux ans. Le quotidien britannique estime, par ailleurs, que le nombre d'ouvriers morts sur les chantiers pourrait être bien plus important puisque le Népal n'est "qu'un des nombreux pays" à fournir de la main d'oeuvre au Qatar. En novembre 2013, l'IUTC, un syndicat international de travailleurs, estimait que plus de 4 000 ouvriers trouveraient la mort au Qatar avant le début de la compétition en 2022.

L'occasion de relire notre enquête : "Déjà 400 morts sur les chantiers du mondial de Foot 2022".

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