Publicités commerciales : Radio France condamnée

Sébastien Rochat - - 0 commentaires


Finies les publicités pour des banques, des assurances ou des opticiens ? Mardi 6 octobre, le tribunal de commerce de Paris a condamné Radio France pour avoir diffusé des publicités commerciales, en violation de son cahier des charges signé avec le CSA. Le groupe va faire appel.



C'est bien de la concurrence déloyale. A la suite d'une plainte de trois syndicats de radio privée (SRN, SRGP, Sirti), Radio France a été condamnée à verser 20 000 euros de dommages et intérêts à chacun d'eux pour avoir diffusé des publicités commerciales sur les antennes du groupe. Selon la charte de Radio France, signée avec le CSA, les publicités de marque sont interdites. Seuls des messages de publicité collective (comme la promotion du sucre) et d'intérêt général (lutte contre le tabac, sécurité routière) sont autorisés.

Or Radio France a une lecture manifestement un peu trop souple de cette charte : les publicités diffusées à l'antenne pour les assurances ou les banques mutualistes (Matmut, Gan ou CIC par exemple) ou les coopératives comme les opticiens Krys n'ont pas été considérées comme relevant de publicité collective par le tribunal. Elles ont pourtant pris une place non négligeable dans les recettes publicitaires du groupe, puisqu'elles représentent plus du quart des recettes annuelles (soit environ 10 millions d'euros en 2014).

Dans un communiqué, le groupe a indiqué qu'il allait faire appel car il "ne partageait pas l'interprétation faite par le tribunal du champ des annonceurs et de la nature des campagnes autorisées par son cahier des charges". Pas étonnant : le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, souhaite élargir le champ publicitaire de Radio France à tous les annonceurs pour augmenter ses recettes. Une stratégie à laquelle le ministère de la Culture, dans le cadre de la définition du contrat d'objectif, ne serait pas hostile, à condition que le volume horaire consacré à la pub n'augmente pas. On comprend mieux pourquoi les syndicats des radios privées ont décidé de réagir. Reste à savoir si une amende de 60 000 euros incitera Radio France à renoncer au quart de ses recettes publicitaires. Pas sûr, même si, en interne, l'augmentation des recettes publicitaires est rejetée par les syndicats de la maison de la radio.

Sur notre plateau, les salariés de Radio France, y étaient opposés. "C'est un service public ! On ne fait pas de la pub à l'école. On pourrait aussi rentabiliser les écoles en disant qu'il y a des espaces où on peut mettre de la pub Coca-cola", dénonçait Marie-Hélène Fraïssé, productrice de l’émission Tout un monde sur France Culture. En revanche, elle n'était pas opposée à la possibilité de rendre payante la consultation des podcasts de France Culture.

 

L'occasion de revoir notre émission sur la crise à Radio France.

Lire sur arretsurimages.net.