Procès frères Traoré : la version policière remise en cause
La rédaction - - 0 commentairesEt France 2 épinglé par le CSA
"Les «violences» supposées des frères d'Adama Traoré remises en cause."
Alors que se déroule aujourd’hui le procès de Bagui et Youssouf Traoré, Le Point a fortement remis en cause la version de l’accusation, dans un article publié hier soir. Les deux frères d’Adama Traoré, mort il y a cinq mois lors d’une opération de gendarmerie dans le Val d’Oise, sont jugés ce mercredi pour "violences et menaces à l’encontre de gendarmes et policiers municipaux" en marge d'un conseil municipal à Beaumont-sur-Oise.
Sauf que "la première plaignante qui avait obtenu un certificat médical de son médecin attestant une ITT de huit jours a vu son incapacité temporaire de travail retomber à un jour, raconte Le Point. Cette fonctionnaire se plaignait pourtant d'avoir reçu un coup de poing de Bagui Traoré. Selon le compte rendu médical, ce serait en partie à cause de l'usage de sa propre bombe lacrymogène que cette policière aurait subi une blessure superficielle."
Et le constat est sensiblement le même pour le second policier municipal "qui a également déposé une plainte pour violences volontaires". Maître-chien, il s’est uniquement plaint aux urgences médico-judiciaires d’une morsure de "son propre chien" et "des troubles liés au gaz lacrymogène de sa collègue plaignante".
"On ne peut pas faire de l'info en continu et être rigoureux"
Pourquoi a-t-il fallu attendre le 13 décembre, trois semaines après les faits, pour avoir ces informations ? Sur notre plateau, Assa Traoré, sœur d’Adama Traoré, et David Perrotin, journaliste à Buzzfeed, ont une petite idée. Assa Traoré estime ainsi que "la parole des forces de l’ordre a plus de valeur, de crédibilité" que celle de la famille Traoré. Elle considère surtout que ses frères sont incarcérés "parce qu'Adama Traoré est mort le 19 juillet" et les qualifie de "prisonniers politiques". Perrotin, de son côté, rappelle que l’affaire Traoré ressemble d'un point de vue journalistique à d’autres affaires plus anciennes, comme la mort de Rémi Fraisse. "L'information vient toujours d'abord des canaux officiels : le parquet, la préfecture, ou le ministère de l'intérieur. Après c'est au journaliste d'enquêter. [Mais] les journalistes ont tendance à se contenter des versions officielles." Selon lui, le problème est amplifié par l'info en continu : "On ne peut pas balancer un sujet à l'antenne au bout de deux heures, et être rigoureux, ce n'est pas possible."
Par ailleurs, saisi par le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) a relevé une "erreur" de France 2 lors de son journal télévisé de 20 heures du 30 juillet dernier. Le présentateur Julian Bugier revenait sur la mort d’Adama Traoré et indiquait que "la justice a conclu que le jeune homme n’avait subi aucune violence". Problème : "le Conseil a relevé que le journaliste avait repris les propos du Procureur de la République en les attribuant à «la justice», ce qui laisserait entendre, à tort, que toute procédure judiciaire était éteinte." Reste que selon le CSA, cette "erreur" ne "suffit pas à établir un manquement caractérisé de la chaîne à ses obligations en matière d’honnêteté et de rigueur à l’information".
L'occasion de voir notre émission : Assa Traoré: "On a établi un rapport de force avec les médias"