Privatisation des barrages : comment vendre l'idée

Daniel Schneidermann - - 0 commentaires

Vous avez aimé la privatisation des autoroutes ?

Vous allez adorer celle des barrages hydroélectriques. Pendant que Ségolène Royal, cherchant désespérément des alternatives à la suppression de l'écotaxe, amuse les JT avec la gratuité des autoroutes le week-end, l'Assemblée a voté, dans la loi de transition énergétique, une disposition autorisant la privatisation partielle des barrages hydroélectriques (deuxième source de production d'électricité en France après le nucléaire). Soyons précis : la concession de 25% des barrages français arrive à échéance d'ici 2023. Il s'agirait de permettre d'attribuer ces concessions à des sociétés d'économie mixte, en lieu et place de EDF et GDF. Ce vote s'est déroulé la semaine dernière. En avez-vous entendu parler ? Non. Mais ça ne devrait pas tarder.

C'est l'ancienne ministre de l'écologie limogée, Delphine Batho, en pleine campagne de promo de son livre, Insoumise, (elle était ce matin sur RFI et sera notre invitée cette semaine), qui attire l'attention sur ce point. L'Etat gardera certes 51% des sociétés concessionnaires des barrages. Mais 49% seront donc cédés au privé. 49%, direz-vous, c'est une minorité. Mais dans son livre, Batho raconte de l'intérieur comment toute la politique d'EDF, sous la présidence de Henri Proglio, fut orientée par les intérêts des quelques 16% d'actionnaires extérieurs.

Attention, rien n'est simple. Cette privatisation, si l'on comprend bien, est une manière de contourner une recommandation communautaire, faite à la France de lancer des appels d'offres internationaux. Cela devrait permettre au gouvernement de vendre le projet en expliquant que les barrages resteront ainsi "sous contrôle public". C'est donc une privatisation de résistance. Attendons que Royal le défende ainsi, expliquant par exemple qu'elle exigera des candidats aux concessions la gratuité de l'électricité le week-end.

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