Pourquoi Pékin a laissé partir Snowden (presse US)

Gilles Klein - - 0 commentaires

Pékin a laissé partir Snowden, l'ex-agent de la CIA qui a révélé l'existence d'un programme de surveillance américain, vers Moscou. Les USA, déçus par la Chine, espéraient, ce matin, que la Russie arrêterait le fuyard avant qu'il ne reparte ayant demandé l'asile à l'Equateur. Au passage, les services chinois auraient récupéré l'intégralité du contenu des ordinateurs de Snowden, selon le New York Times.

Grande photo de journalistes à Moscou guettant les passagers arrivant de Hong Kong, plus carte, et deux articles, l'affaire Snowden fait la Une du New York Times, et sur deux colonnes, celle du Washington Post.

Snowden a quitté Hong Kong après avoir été invité, discrètement, à le faire par le gouvernement chinois, selon l'avocat chinois (par ailleurs député) qui le conseillait lors de son séjour à Hong Kong. Ceci alors que les USA avaient officiellement demandé son arrestation, et ont, depuis, annulé son passeport. Snowden est accompagné par une militante britannique de Wikileaks, Sarah Harrison.

Le New York Times estime que Pékin a décidé de laisser partir Snowden de Hong Kong pour éviter d'aggraver ses relations avec les USA par une longue bataille juridique quant à la légalité d'une éventuelle expulsion de l'ex-agent de la CIA, et pour ménager son opinion publique qui considère généralement Snowden comme un héros.

Quoiqu'il en soit, Pékin se félicite des multiples révélations de Snowden qui montrent l'étendue de la surveillance américaine, et permet à la Chine de dénoncer son hypocrisie, elle qui est accusée d'être à l'origine de nombreuses cyber-attaques contre des objectifs américains.

Enfin, toujours selon le New York Times (qui cite des spécialistes anonymes travaillant pour les services secrets de deux grands pays), et ce n'est pas un détail, les services secrets chinois se seraient débrouillés pour aspirer l'intégralité des données contenues dans les quatre ordinateurs que Snowden a emmené avec lui quand il a fui les USA le 20 mai dernier.

Dans un autre article, le journal évoque un départ de Moscou, ce lundi apres midi, pour Snowden en direction de Cuba, et peut-être de l'Equateur, ou d'une autre destination.

Le Washington Post lui, s'interroge : l'Américain Glenn Greenwald, qui vit au Brésil, défenseur des libertés, chroniqueur devenu journaliste et collaborateur du Guardian, a travaillé sur l'affaire Snowden, et accompagné un journaliste du Guardian à Hong Kong. A-t-il franchi la limite entre journalisme et militantisme ? Un élu républicain influent demande qu'une enquête soit ouverte et que Greenwald soit éventuellement poursuivi.

En tout cas, Ricardo Patino, ministre des Affaires etrangères de l'Equateur, en déplacement au Vietnam, a indiqué, dimanche soir, sur son compte Twitter, que son pays avait bel et bien reçu une demande d'asile politique de la part de Snowden.

Sur les multiples supputations journalistiques, plus ou moins bien informées, à propos de l'affaire Snowden, lire aussi la chronique de Daniel Schneidermann

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