Pollution : la faute au charbon allemand ?

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

Autant s’y habituer : cette année encore, tout comme au mois de mars l’an dernier, la France fait face à un pic de pollution aux particules fines et notamment à Paris. C’est pourquoi la maire a annoncé samedi la circulation alternée dans la capitale et les 22 communes de la petite couronne à compter de lundi. Mais d’où vient cette pollution ? Comme l’an dernier, le diesel, l'épandage agricole, la météo... mais aussi les centrales à charbon allemandes sont pointés du doigt.

Souvenez-vous : en mars 2014, la France et plus particulièrement Paris a connu un pic de pollution aux particules fines – ou plutôt un plateau comme nous le précisions dans notre émission consacrée au sujet. Cette année, rebelote : depuis quelques jours, le Nord-ouest du pays et la capitale connaissent de nouveau une pollution exceptionnelle qui a conduit Anne Hidalgo, qui tweete depuis la Tunisie, à annoncer la circulation alternée que la maire a eu du mal à faire aboutir. A compter de ce lundi, seules les voitures au numéro d’immatriculation impair pourront circuler dans Paris ou dans les 22 villes de la petite couronne – du pain béni pour les loueurs de voitures malins. La gratuité des transports, en place depuis samedi, est également prolongée.

Et comme l’an dernier, on retrouve les mêmes sur le banc des accusés : le trafic routier et notamment celui des voitures qui roulent au diesel, les feux de cheminées, l’épandage agricole intense au mois de mars et une météo favorable au déplacement des particules fines. Selon une spécialiste citée par Le Figaro, ces dernières" peuvent voyager sur de très longues distances. Portées par un vent du nord, de l'est ou du nord-est, les masses d'air se chargent en particules fines et vont s'ajouter à la pollution locale. Résultats, nous récupérons des particules fines venues de chez nos voisins européens comme la Belgique, le Luxembourg ou encore la Pologne."

Ou d’Allemagne ? C’est l’hypothèse partagée sur twitter par le journaliste Gilles Dauxerre. Selon lui, "on polémique sur la pollution automobile à Paris mais les particules viennent des centrales à charbon allemandes…" avec, à l'appui de ces accusations, une carte extraite du site Prev’air.

L’accusation ne vous rappelle rien ? L’an dernier déjà, comme nous le racontions ici, la pollution au charbon venue d’Allemagne était déjà dans la ligne de mire d’une poignée de spécialistes. Leurs accusations avaient été malmenées par les Décodeurs du Monde qui citaient les chiffres d'Airparif, l'agence de surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France, afin de démontrer que le pic de pollution était bien dû à la circulation.

Pour tenter d’y voir plus clair, nous avions, comme Dauxerre, consulté le site Prev'Air.org, le système national de surveillance de la qualité de l'air en France et en Europe totalement boudé par les médias. Leurs cartes indiquaient en effet un panache européen sans qu’il fût possible de conclure à une pollution venue d’Allemagne. A l’époque, la responsable du pôle modélisation de Prév’air assurait que tous les pays avaient participé à l’épisode de pollution sans savoir dans quelle proportion. Elle prévoyait alors la publication d’un communiqué avec des données plus précises – communiqué qui n’a jamais été publié auprès du grand public. On n’en sait donc guère davantage.

Une chose est sûre : les cartes d’Airparif et Prév’air sont aujourd'hui similaires.

Copie écran du site Pré'Air

Copie écran du site Airparif

Les deux sources montrent bien que la pollution exceptionnelle concerne une bonne partie de la France et le Nord-ouest de l’Europe. Mais qui pollue qui ? Mystère.

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