Pollution diesel : pneumologue médiatique payé par Total (Libération)

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Le médecin médiatique qui voulait "dédramatiser" la pollution par particules fines, payé par Total ?

Le chef du service de pneumologie-allergologie à l’hôpital Bichat de Paris, Michel Aubier, a un avis bien précis sur les effets sur la santé des pics de pollution aux particules fines : "Je ne pense pas, et la plupart des experts sont d’accord, que le fait d’être exposé à une pollution ambiante, dans des villes comme Paris, prédispose au cancer du poumon, sauf si on a un autre facteur favorisant, comme le tabagisme." Selon lui, seuls les fumeurs ou les personnes déjà atteintes de maladies chroniques (notamment les asthmatiques) seraient vraiment concernés par les dangers des pics de pollution, les autres n’ayant en général "aucun symptôme".

Le plus souvent, ses propos sur la dangerosité de la pollution aux particules fines pour les asthmatiques sont utilisés dans les médias, notamment les JT de TF1 ou France 2, pour illustrer les méfaits des pics de pollution. Mais plus récemment, comme lors du pic de pollution de 2014 sur RTL, Aubier allait plus loin en estimant que le risque du diesel n'était "pas encore totalement démontré". Le 1er mars 2016, dans l’émission Allô Docteurs, présentée par Michel Cymes et Marina Carrère d’Encausse, il considérait même globalement que le rôle cancérigène de la pollution atmosphérique était "discuté".

De quoi faire bondir plusieurs autres médecins, dont le cardiologue et président de l’Association santé environnement France Pierre Souvet ou l’asthmologue Florence Trébuchon, qui ont publié hier un communiqué intitulé "La pollution atmosphérique est cancérigène !" "Un rectificatif nous semble indispensable pour corriger certains propos d’un médecin universitaire qui vont à l’encontre des principales études médicales", avancent-ils, citant cinq études récentes qui "ont confirmé les conclusions de l’OMS [et] montré que le risque de cancer pulmonaire était augmenté pour des niveaux d’exposition même en dessous des normes européennes. Donc même à faible concentration, les particules fines sont cancérigènes."

"Médecin conseil de Total"

Pour essayer de comprendre "pourquoi Michel Aubier minimise les risques du diesel pour la santé", Libération a mené l’enquête, et découvert que le pneumologue est en fait... "membre du conseil d’administration de la Fondation Total", mais surtout qu’il est "médecin conseil de Total", entreprise qui vend entre autres du diesel, depuis la fin des années 90. Pour cette activité de "médecin conseil" qui consiste à conseiller le groupe sur les "problèmes sanitaires" et à suivre "sur le plan santé les 200 dirigeants du groupe", il est rémunéré de manière "conséquente" selon Libération (mais il refuse de donner un montant).

Problème : le pneumologue médiatique n’a jamais rendu public ce conflit d’intérêt et a déclaré à plusieurs reprises, à l’écrit comme à l’oral (devant une Commission d’enquête du Sénat), n’avoir "aucun lien d’intérêt avec les acteurs économiques". "J’aurais dû le déclarer, c’est vrai, mais ça ne m’était même pas venu à l’esprit", se défend-il aujourd’hui. Pas suffisant pour France 5 : l’émission Allô Docteurs a assuré à Libé qu’ils étaient "à mille lieues d’imaginer qu’un pneumologue puisse avoir des liens avec l’industrie" et qu’Aubier ne serait plus invité.

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