Police / presse : "l'autre" affrontement de Ferguson

Robin Andraca - - 0 commentaires

La police continue de s'en prendre à la presse à Ferguson.

Après les correspondants du Washington Post et du Huffington Post, la semaine dernière, l'interpellation d'un photographe fait grand bruit sur les réseaux sociaux. Les émeutes, elles, continuent.

Dix jours après la mort de Michael Brown, un jeune Noir de 18 ans abattu par un policier, les tensions sont toujours aussi vives entre la communauté afro-américaine de la ville et les forces policières, majoritairement blanches. Hier, Scott Olson, un photographe de l'agence Getty, qui couvrait les émeutes de Ferguson, a été arrêté par la police avant d'être relâché quelques heures plus tard, relate The Independant. Motif invoqué ? Etre sorti de la zone réservée aux médias.

Cette arrestation n'est pas sans rappeler celles des deux journalistes, Wesley Lowery (Washington Post) et Ryan Reilly (Huffington Post), embarqués la semaine dernière par la police de Ferguson pour ne pas avoir obtempéré assez rapidement. L'arrestation elle-même a évidemment été amplement photographiée par les collègues de Olson.

Depuis la semaine dernière, la situation ne s'est pas calmée dans cette petite ville du Missouri, malgré l'arrivée du capitaine Ron Johnson à la tête de la police locale de Ferguson. Originaire de cette ville, afro-américain, sa nomination était censée apaiser les tensions entre policiers et manifestants. L'exercice de communication n'a malheureusement pas suffi et les versions de la police et de plusieurs témoins divergent toujours à propos de la mort de Michael Brown.

Selon la police, Brown aurait tenté de dérober plusieurs paquets de cigarillos dans un magasin et aurait ensuite été abattu après avoir agressé un policier et tenté de lui dérober son arme. La version des témoins n'est pas du tout la même. Selon plusieurs témoins, il aurait été atteint de plusieurs balles alors qu'à une dizaine de mètres des policiers il était en train de crier "ne tirez pas".

La police, elle-même, a changé de version. Quelques heures après avoir révélé l'affaire du vol de cigarillos, le chef de la police a expliqué, samedi dernier, que le premier contact entre Darren Wilson et Michael Brown n’était pas en rapport avec ce vol, mais parce que le jeune homme et son ami "marchaient au milieu de la rue, bloquant la circulation".

Hier, les premiers résultats de l'autopsie de Brown ont été révélés par le médecin légiste mandaté par la famille de la victime : le jeune homme a été atteint par six balles, semblant avoir été tirées à une certaine distance, et "aucune trace de lutte" n'a été notée. Cette dernière donnée jette le discrédit sur la version officielle de la police qui prétend que Brown a été tué en pleine altercation avec un agent.

Antonio French, conseiller municipal d'une circonscription de Saint-Louis et très actif sur son compte Twitter depuis le début des événements, a salué la nomination de Johnson, tout en notant que seule l'inculpation du policier permettra de ramener le calme. Soupçonné d'arrière-pensées politiques dans un portrait du Monde.fr, French a tenté de donner une image plus favorable du mouvement, mettant en valeur, toujours sur Twitter, les habitants qui s'opposent aux pillages de magasins ayant marqué les dernières nuits.

Malgré l'état d'urgence décrété par Jay Nixon, gouverneur du Missouri, la mise en place de plusieurs couvre-feux et l'arrivée de la garde nationale appellée en renfort, les manifestations continuent à Ferguson et sur Twitter.

Ferguson et le harcèlement policier des journalistes et des internautes : nous nous étions déjà penchés sur le sujet la semaine dernière.

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