Pôle sud d'Hersant : le bal des rumeurs

Aurore Gorius - - 0 commentaires

La Provence, Nice Matin, Corse Matin : qui ravira le "pôle sud" du groupe Hersant ? Rumeurs, intox et démentis se multiplient. De l'ancien vice-PDG de TF1 et ex-directeur du Figaro, Etienne Mougeotte, au président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, en passant par l'inévitable Bernard Tapie... la liste des candidats est loin d'être close.

Au petit jeu des rumeurs, les opérations de rachat dans la presse battent souvent des records. L'empire Hersant Média, en proie à une dette record (200 millions d'euros) et en plein démantèlement, met en vente sont "pôle sud" composé parLa Provence, Nice Matin et Var matin. Le rachat "pôle Champagne-Ardennes-Picardie" (L'Union, L'Ardennais,Est Eclair...) par le groupe de presse belge Rossel sera finalisé d'ici à la fin de l'année. Un temps envisagé, un rapprochement des deux groupes de presse a été abandonné en juin, laissant la place à une liste de prétendants qui ne cesse de s'allonger depuis la rentrée. Coût global du "pôle sud" : entre 50 et 100 millions d'euros. La diffusion des trois titres est en baisse mais le potentiel est là : une population aisée, peu voire pas de concurrence, comme en Corse."Une belle affaire", selon un banquier cité par Le Monde, qui ajoute : "ce sont de belles endormies, mal gérées depuis deux ou trois ans." Pas certain pourtant que la liste (officieuse) des candidats à la reprise soit un motif de réjouissance pour les salariés de ces titres.

Il y a d'abord la rumeur Guérini. Dans son article daté du 22 octobre, Le Monde évoque un possible "tour de table" du président du Conseil général des Bouches-du-Rhône pour le quotidien marseillais, La Provence. Depuis, l'homme s'est chargé en personne de nourrir les suppositions. Comme le rapporte le blogueur Erwann Gaucher, le 29 octobre, en marge d'une réunion du Conseil général, alors qu'il répond aux questions des journalistes, il exprime son intérêt pour La Provence à l'un de ses représentants, sous l'oeil d'un journaliste du pure-player local, Marsactu.fr. Guérini serait en cheville avec "un grand groupe international" mais "ne souhaiterait pas investir lui-même".

Ballon d'essai ? Intox bien orchestrée ? L'hypothèse, en tout cas, devient crédible, alors même que l'élu local a fait maintes fois la une du quotidien local avec ses ennuis judiciaires. "La rumeur est amplifiée par une coutume bien de chez nous, explique-t-on chez Marsactu.fr. La Provence est issue de la fusion du Méridional et du Provençal, deux titres détenus à l'époque par le maire de Marseille, Gaston Deferre". Et si ce n'est Guérini, pourquoi pas Estrosi ? Le nom du maire de Nice circule, d'autant que ses rapports avec la rédaction de Nice Matin ne sont pas au beau fixe. Son cabinet dément toute vélléité de rachat au Monde.

Trêve de politique, place aux hommes de médias. Plus précisément à Etienne Mougeotte, ancien vice-président de TF1 et ex-directeur du Figaro débarqué en juin dernier. Il "étudie le dossier", selon le journaliste de l'Express, Renaud Revel. Et serait "adossé à des capitaux qataris et conseillé par un autre journaliste de TF1, Charles Villeneuve." Joint par @si, Villeneuve dément.

Mais Mougeotte, semble, lui, intéressé, si l'on en croit la rubrique média de son ex-journal, Le Figaro, dans un article publié le 5 novembre. On y apprend cette fois que Mougeotte a "monté un projet avecl'industriel franco-libanais Iskandar Safa, très implanté dans la région de Nice".

Le Figaro, dont Mougeotte a été directeur, évoque sa possible candidature à une reprise de Nice Matinpicto

Dans le viseur du duo, toujours selon Le FigaroNice Matin et Corse Matin, mais pas La Provence. "Les deux parties ne sont pas encore entrées en négociations, ni sur le contour de l'offre ni sur le prix. Car démembrer le pôle Paca n'est pas simple", précise le quotidien. Au passage, Le Figaro précise que Mougeotte n'est pas appuyé par Bernard Tapie.

C'est la troisième grosse rumeur, imprécise, démentie, mais qui circule toujours. Eternel candidat aux reprises d'entreprises en difficulté ou à un retour en politique, notamment dans la région marseillaise, Tapie a démenti être intéressé par l'affaire, selon Le Monde du 22 octobre. Son nom est pourtant cité par Revel sur son blog et, comme il s'agit de Tapie, l'information est reprise un peu partout comme ici, ici et ici. Sans plus de détail sur les titres concernés ou un possible allié financier. Mais la rumeur suit son cours et la liste des prétendants est loin d'être close.

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