Pôle emploi vers la transparence (lentement)
Laure Daussy - - 0 commentairesPôle emploi joue - un peu plus - la transparence. Les données concernants le nombre de personnes suivies par les conseillers Pôle emploi selon les régions avaient été arrachées difficilement par Le Monde l'été dernier, on l'évoquait ici. Aujourd'hui, c'est Pôle emploi qui consent à les diffuser. Le Monde y consacre à nouveau un article. Verdict, selon le quotidien : des inégalités persistantes mais en voie de résorption.
Pour la deuxième fois de son histoire, Pôle emploi a publié des données portant sur le nombre de chômeurs par conseiller, lundi 28 juillet. Rappelons que la première fois, l'organisme avait été contraint par une décision de la commission d'accès aux documents administratifs, (CADA) saisie par Le Monde, de rendre publics ces chiffres sensibles, ce qu'il avait fait en septembre 2013. Un des enseignements les plus marquant alors de ces données : la mise au jour de grandes disparités territoriales. Depuis, Pôle emploi s'était alors engagé à actualiser ces chiffres tous les six mois. Il aura finalement fallu en attendre dix pour obtenir les nouvelles données -les élections municipales auraient contribué à retarder des données parfois sensibles. Transparence totale cette fois-ci? Pas complètement. Dans un communiqué envoyé aux journalistes Pôle emploi a joint un fichier excel des données. Mais Jean-Bastiste Chastang, qui suit le dossier au Monde, explique que Pôle emploi n'a toujours pas publié les chiffres avec les éléments permettant de faire des regroupements géographiques. Il faut donc ruser et regarder les agences une par une, comme on l'expliquait ici. |
Par ailleurs, "ces chiffres ne tiennent pas compte des éventuels conseillers à temps partiel. Pôle emploi refuse en effet de publier les chiffres ajustés par équivalents temps-plein. L’organisme choisit aussi de les présenter pour les 2,6 millions de demandeurs d’emploi « suivis » par un conseiller, ce qui exclut ceux, par exemple, inscrits depuis moins de quatre mois ou qui se trouvent actuellement en formation. En incluant ces chômeurs, chaque conseiller suit en moyenne 242 chômeurs", précise Chastang dans son article.
Pôle emploi s'était engagé à lutter contre les disparités territoriales dans les suivis de chomeurs. Dans le communiqué publié lundi, repris par l'AFP, l'organisme se félicite "d'avoir "réduit" les disparités territoriales dans l'accompagnement des demandeurs d'emploi". Qu'en est-il?
"Ces données montrent que les écarts entre la charge de travail des agences restent importants. Alors que la moyenne du nombre de chômeurs suivis par conseiller est de 117,2 sur toute la France, l'écart va ainsi de 40 dans l'agence guadeloupéenne de Morne-à-l'Eau à 275 dans celle de Plateau Caillou, à La Réunion", souligne Le Monde. La Guadeloupe et la Martinique, qui avaient été exclues de la première publication, ont été cette fois-ci intégrées. Les départements d'outre-mer apparaissent à cette aune très mal dotés. La Réunion fait ainsi figure de lanterne rouge, puisque les huit agences les plus chargées du pays (plus de 230 chômeurs par conseiller) sont toutes situées sur l'île."
Parmi les conclusions du Monde : "Neuvième du classement, Vierzon (Cher) est la seule agence de métropole à figurer dans les quinze agences aux « portefeuilles » les plus lourds. En moyenne régionale, c'est le Nord - Pas-de-Calais, au taux de chômage record (12,8 %), qui compte les agences les plus chargées de métropole, avec en moyenne 133,6 chômeurs par conseiller, mais cela reste bien moins que la Guyane (180,8) ou La Réunion (207,6)." des données qui montrent donc donc des disparités territoriales. "Ces données confirment le constat déjà dressé en septembre 2013. Pôle emploi ne répartit pas forcément ses moyens en fonction des besoins, puisque les territoires au chômage le plus élevé sont souvent ceux où les conseillers sont le moins nombreux."