Polanski, "tirs de barrage choquants" (Eolas)
Sophie Gindensperger - - 0 commentairesPourquoi Polanski a-t-il été arrêté en Suisse ? Comment marche la procédure d'extradition ? Y a-t-il prescription pour les faits qui lui sont reprochés ? Le juriste le plus célèbre de la blogosphère, Maître Eolas, apporte sur ces questions un éclairage juridique limpide et bienvenu, dans un billet intitulé "Quelques mots sur l'affaire Polanski".
Rappelant qu'"aucune loi ni convention
internationale ne prévoit d'immunité pour les artistes, oscarisés ou
non", le juriste prend fortement position contre les tirs de barrage du monde artistique et du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand après cette arrestation.
"Je trouve honteux d’entendre des artistes qui il y a quelques
semaines vouaient aux gémonies les téléchargeurs et approuvaient toute
législation répressive et faisant bon cas de droits constitutionnels
pour sanctionner le téléchargement illégal de leurs œuvres crier au
scandale quand c’est à un des leurs qu’on entend appliquer la loi dans
toute sa rigueur. Quand on sait que pas mal de téléchargeurs ont dans
les treize ans, on en tire l’impression que les mineurs ne sont bons à
leurs yeux qu’à cracher leur argent de poche et leur servir d’objet
sexuel. Comme si leur image avait besoin de ça. Et après ça, on
traitera les magistrats de corporatistes", écrit-il.
"Et je bondis en entendant le ministre de la culture parler de « cette Amérique qui fait peur ». Ah, comme on la connait mal, cette Amérique. Tocqueville avait déjà relevé il y a 170 ans, la passion pour l’égalité de ce pays. Elle n’a pas changé. Il est inconcevable là-bas de traiter différemment un justiciable parce qu’il appartiendrait à une aristocratie, fut-elle artistique. Il y a dix ans, l’Amérique a sérieusement envisagé de renverser le président en exercice parce qu’il avait menti sous serment devant un Grand Jury. Quitte à affaiblir durablement l’Exécutif.
Une justice qui n’épargne pas les puissants et les protégés des
puissants ? On comprend qu’un ministre de la République française, qui
a soigneusement mis son président et ses ministres à l’abri de Thémis,
trouve que cette Amérique fait peur."
Vous voulez faire plus ample connaissance avec maître Eolas, ou au moins avec sa cravate ? Alors regardez cette émission d'@si à laquelle il a participé.