Pléiade Lautréamont : L'Express critique Gallimard

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Peut-on critiquer sur le fond et sur la forme un ouvrage de la Pléiade ? C'est ce qu'a fait Jean-Jacques Lefrère à propos d'un volume consacré à Lautréamont. Remettant en cause le contenu et le choix des auteurs qui analysent l'œuvre de Lautréamont, Lefrère est très critique. Sans doute trop, puisque son texte a été refusé par La Quinzaine littéraire et a trouvé refuge sur le site de l'Express.



Le site L'Express.fr n'est pas peu fier de publier un article refusé, car trop critique : "La Quinzaine littéraire a refusé de publier une critique virulente du récent volume de la Pléiade consacré à Lautréamont, signée Jean-Jacques Lefrère, pourtant collaborateur régulier de cette dernière. Critiquer la prestigieuse collection de Gallimard serait-il tabou? LEXPRESS.fr a décidé de publier l'intégralité de son texte vif et érudit, afin que chacun puisse se faire une idée. Polémique en vue..."

La critique de Lefrère est très fouillée. Il dénonce d'abord la forme de ce volume de la Pléiade en remettant en cause les auteurs qui analysent l'œuvre de Lautréamont. Selon lui, ce n'est pas la qualité de l'analyse qui a primé mais leur lien avec Gallimard puisqu'ils ont tous été édités par cette maison d'édition : "En tournant les pages, et elles sont fort nombreuses, on se demande un moment ce qui a prévalu au choix d'auteurs tels que Roger Caillois, Francis Ponge, Maurice Blanchot, Julien Gracq, Aimé Césaire et autre Guy Debord, mais la raison ne tarde pas à apparaître : ce sont tous, ou presque, des auteurs édités par Gallimard".

Les critiques frisent le règlement de compte lorsque Lefrère s'en prend à Jean-Luc Steinmetz, celui qui a piloté ce nouvel ouvrage. Ainsi, il s'étonne de certaines références de bas de page : "si la nouvelle édition reprend un vieil article d'Aimé Césaire, enfoui depuis 1943 dans la revue Tropiques, c'est que cette exhumation permet à M. Steinmetz de mentionner l'étude qu'il a signée sur cet article en 2003. On ne voit guère d'autre légitimité à l'inclusion de cette prose, aussi datée que non essentielle, d'un écrivain que l'on a connu bien plus inspiré".

Sur la forme, les critiques sont nombreuses et révèlent une vraie connaissance de l'œuvre de Lautréamont. Lefrère conclut son long papier sur une pointe d'ironie : "Si le lecteur trouve que ce compte rendu, qui touche heureusement à sa fin, manque de bienveillance, qu'il se reporte à celui que le Cahier Lautréamont 2009 vient de consacrer à cette nouvelle édition de Lautréamont en Pléiade.

En comparaison, nous avons le sentiment d'avoir écrit un panégyrique suintant de louanges et de compliments. Allez y voir vous-même, si vous ne voulez pas me croire ! Ce qui est certain, c'est qu'en proposant au public des éditions d'œuvres comme celles de Rimbaud ou de Lautréamont conçues d'une manière aussi... académique, les dirigeants de la Pléiade assurent une grande responsabilité vis-à-vis de la réputation de leur collection".

Dans le chapeau de cet article, L'Express.fr se demande si critiquer la "prestigieuse collection de Gallimard" ne serait pas un tabou. Difficile de répondre. En tout cas, l'Express (version papier) n'avait pas craint non plus de publier, lors de sa parution, une sévère critique du même volume de La Pléïade, mettant notamment en cause la place qu'y tenait Philippe Sollers, pilier des éditions Gallimard.

Mise à jour, 21 février : ajout de la référence à l'article de L'Express (version papier), et suppression d'une pique adressée, à tort en la matière, à la pusillanimité dudit magazine.

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