Plantu, et le basculement du Monde

Daniel Schneidermann - - Humour - 0 commentaires

Que Plantu n'aime pas les islamistes, on l'avait remarqué depuis longtemps.

  Qu'il n'aime pas spécialement les syndicalistes, on l'avait remarqué aussi.

En un dessin, voici qu'il fait la jonction entre ses deux épouvantails préférés picto

L'islamiste comme le syndicaliste, tous deux oppresseurs de la femme. La femme, dont les deux modes d'émancipation, si l'on comprend bien, sont la scolarisation, et le travail du dimanche comme caissière à Leroy-Merlin. D'une oppression l'autre, la ligne est tracée. Encore le dessinateur n'est-il pas allé au bout de sa logique. Son cégétiste aurait pu être AUSSI musulman.

 

   

 

C'est la loi de la caricature, objectera-t-on. Le caricaturiste caricature, c'est son sacerdoce. Prof à cartable, lycéen à baskets sans lacets, Corse à bombe, capitaliste à cigare : c'est la loi de la caricature. Tiens, des capitalistes à cigare, justement.

 pictoDes capitalistes à cigare comme par exemple celui-ci, dessiné en 1999, et retrouvé en quelques clics au hasard d'une recherche

Ô Monde englouti, où les capitalistes paternalistes fumaient le cigare, où les pauvres n'étaient vêtus que de leur dignité.

Depuis combien de temps n'en a-t-on pas vu, sous le pinceau de Plantu, des capitalistes à cigare ? 

   

 Dans le basculement de la vision du monde de Plantu, seuls les Roms ont gardé le statut de victimes, et échappé à leur transformation en pickpockets et en maffieux. On peine encore à voir par quel miracle ils ont échappé au grand renversement.

Dessin de la semaine dernièrepicto

N'empêche. Comment un dessinateur, dans sa représentation mentale, passe-t-il de la dénonciation du patron à cigare, à celle du syndicaliste hargneux ? En combien de temps ? En combien d'étapes ? En combien de rencontres ? En combien de rachats du journal par des capitalistes à cigare ? En combien de dessins à L'Express islamophobe de Barbier, en combien de chèques du Qatar ?

 

   

Lire sur arretsurimages.net.