Plaire au dictateur kazakh (presse italienne)

Gilles Klein - - 0 commentaires

L'Italie a expulsé fin mai la femme et la fille de Mukhtar Ablyazov, un opposant au dictateur Nazarbayev du

Kazakhstan, pays auquel l'Italie achète du gaz et du pétrole. La mesure d'expulsion a été annulée, mais il est trop tard. La famille de l'opposant (qui lui, est réfugié à Londres) est retenue au Kazakhstan.

Deux pages entières dans Libero sur cette affaire qui embarrasse le gouvernement italien : fin mai, plusieurs dizaines de commanos armés des services secrets italiens, pistolet au poing, cernent, en pleine nuit, la villa, dans les faubourgs de Rome, où dort la famille de Mukhtar Ablyazov, ancien ministre : sa femme et sa fille de 6 ans, plus d'autres proches. Malgré son passeport centre-africain, elle est arrêtée. Quelques heures plus tard, elle est embarquée de force avec sa fille dans un jet privé où des diplomates Kazakhs l'attendent. Le ministère de l'Intérieur maintient, depuis, ne jamais avoir été mis au courant de cette opération.

La semaine dernière, le gouvernement a annulé l'ordre d'expulsion décidé à la va-vite par un juge, mais il est trop tard. Le dictateur ne risque pas de lâcher la famille de si tôt malgré les demandes diplomatiques italiennes. Un des articles explique qu'Emma Bonino, ministre des Affaires étrangères se tait.

Un autre article ajoute qu'Ablyazov ferait l'objet d'un mandat de recherche d'Interpol, mais il est à Londres au vu et su de tous... Le ministre de l'Intérieur Angelino Alfano ('homme de confiance de Berlusconi, et son représentant au sein du gouvernement d'union dirigé par Letta), dont certains demandent la démission, justifierait cette expulsion précipitée par la détention d'un faux passeport, ce que l'intéressée conteste. Quoiqu'il en soit Libero s'étonne : l'expulsion la plus urgente met d'habitude au moins trois mois, celle de la femme du dissident a été effectuée en quelques heures, avec un déploiement de force inhabituel, comme si elle était une dangereuse criminelle.

Dès leur expulsion d'Italie, Mukhtar Ablyazov (50 ans, ancien banquier, ancien ministre) a dénoncé le kidnapping de sa famille par le président Nursultan Nazarbayev.

Les autorités du Kazakhstan ont assigné Ablyazov devant un tribunal londonien, elles l'accusent d'avoir détourné 5 milliards de dollars.

Ses biens britanniques ont été saisis par des sociétés auxquelles son ancienne banque, BTA, doit de l'argent. Deux résidences luxeuses londoniennes ont été mises en vente raconte le Guardian.

La Repubblica cite, à la Une, le chef du gouvernement Enrico Letta : "Ceux qui sont responsables de cette faute paieront".

Le journal souligne que, délicieuse coincidence, le jour de l'expulsion, le dictateur Nazarbaev était en vacances en Sardaigne, chez un ami de Berlusconi.

L'éditorial d'Ezio Mauro demande la démission immédiate du ministre de l'Intérieur, proche de Berlusconi, car s'il n'est pas au courant que 40 hommes armés prennent d'assaut une villa familiale aux portes de Rome, il ne doit pas rester à son poste. En oute, l'opération a été déclenchée après un contact entre l'ambassade kazakh et son chef de cabinet.

Quand à Bonino, ministre des Affaires étrangères, elle ne mérite pas mieux aux yeux du journal, elle qui était connue pour ses combats pour les droits de l'homme avant d'être ministre, se tait, et comme Ponce Pilate, ne se sent responsable de rien.

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