Piketty, inspirateur de "Occupy Wall Street" ?

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L'éclatant succès de Thomas Piketty aux Etats-Unis vient de loin. Ce sont ses travaux sur les 1% d'Américains les plus riches, qui ont inspiré le mouvement Occupy Wall Street, rappelle l'économiste Paul Krugman. Piketty vient de faire une tournée de conférences aux USA, et il a été reçu, entre autres, par des conseillers économiques de la Maison Blanche.

"Nous sommes 99%, et nous ne tolérerons pas plus longtemps la cupidité des 1%" : ce slogan du mouvement Occupy Wall Street a-t-il été inspiré par l'économiste français Thomas Piketty ? Alors que Piketty achève un voyage triomphal aux USA, Rue89 rappelle que "Piketty était déjà connu aux Etats-Unis pour s’être plongé, avec son compatriote Emmanuel Saez, dans les statistiques de l’IRS en observant ce qui se passait non pas pour les 10% les plus riches mais pour les 1%. La révélation des 1% d’Américains percevant 20% des revenus globaux, c’est lui. Du coup, Occupy Wall Street lui doit tout."

Et Rue89 signale l'article de Paul Krugman dans la New York Reviews of Books :«Thomas Piketty […] n’est pas un nom familier ici, mais cela risque de changer grâce à la publication en anglais de sa magnifique et vaste méditation sur l’inégalité. Pourtant son influence est profonde. C’est devenu un lieu commun de dire que nous vivons un second âge d’or – ou, pour reprendre l’expression de Piketty, une seconde Belle époque – défini par l’irrésistible ascension des “1%”. Mais ce lieu commun est né du travail de Piketty.»


Epaulé par les deux prix Nobel Paul Krugman et Joseph Stiglitz, Piketty a accordé de nombreuses interviews à des medias américains. Le magazine Quartz résume ainsi la pensée du Français dans son dernier livre Le capital au XXIe siècle : "Parce que le retour sur investissement tend à dépasser le taux de croissance, les inégalités ne sont pas une conséquence involontaire mais un effet inévitable du capitalisme, et des impôts plus élevés sur la richesse sont nécessaires pour protéger la société démocratique."

"J'ai commencé à penser, que partout où il y a un impôt sur le revenu, il doit y avoir des données" explique Piketty. Mais partout, on lui assure qu'il n'existe pas de statistiques.

En fait il a réussi à les trouver aussi bien en France qu'aux USA (avec l'aide d'Emmanuel Saez) : "Je me souviens de ce sentiment d'excitation de la première fois que j'ai réalisé que j'allais être en mesure de raconter l'histoire complète de la façon dont la structure des revenus a changé." avant d'ajouter "nous ne savions pas du tout que nous nous retrouverions avec un tel graphe spectaculaire."

10% des Américains se partagent près de 50% des revenus.

Quand Quartz interroge Piketty sur son pessimisme, il se défend : "certains commentateurs américains ont trouvé votre livre très déterministe quand il parle de l'inévitabilité de l'inégalité et des difficultés de trouver une réponse efficace."

"Mais il y a tout un continuum de réponses politiques possibles ! (...) Je ne suis pas fataliste du tout, je ne crois certainement pas que la réponse passe par un tout ou rien. (...) En termes de politique, tout est possible, rien n'est inéluctable." réagit Piketty.

L'occasion de regarder notre émission consacrée au débat Piketty/Giraud sur la déroute fiscale du gouvernement et la visite de notre éconaute à Piketty, économiste jadis fétiche du PS.


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