Photo : Hollande trop souriant pour l'AFP

Gilles Klein - - Silences & censures - 0 commentaires

Béat ou pire benêt, l'air heureux de François Hollande photographié, hier, par l'AFP à l'occasion de la rentrée des classes, a dû déplaire. Après l'avoir diffusée à ses clients,

l'agence a ensuite demandé que la dite photo soit supprimée signale 20 Minutes.

Capture du site de l'AFP photo par 20 Minutes

Hier mardi, le président est en déplacement dans l'école Michelet à Denain (Nord) à l'occasion de la rentrée des classes. Denis Charlet fait quelques photos classiques, partagées avec d'autres agences selon le principe du "pool" pour éviter qu'il y ait trop de photographes à la fois. L'une d'elles est diffusée par l'AFP (et aussi par l'agence Reuters), on y voit Hollande ravi assistant à une table ronde "Derrière lui, ces quelques mots soigneusement calligraphiés en lettres cursives sur le tableau noir : Aujourd'hui, c'est la rentrée des classes", précise une dépêche AFP.

Mais dans l'après-midi l'agence prévient ses clients et émet un "mandatory kill" une obligation d'effacer l'image et de ne plus l'utiliser. L'entourage du président estime peut-être que Hollande n'est pas à son avantage, qu'il ne fait pas assez sérieux ?

Jointe par 20 Minutes, l’AFP a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’une censure et que la photo n’avait pas été retirée à la demande de l’Elysée mais sur "décision éditoriale de l’agence, qui s’excuse auprès de ses clients", signale le quotidien.

Mise à jour 17h10 : Philippe Massonnet, le directeur de l'information de l'AFP, réagit sur le blog de l'agence et explique "l’AFP a pour règle de ne jamais diffuser d’image qui ridiculise gratuitement les gens. On prend la décision de publier une photographie pour sa valeur informative, jamais pour la violence ou, en l’occurrence, le ridicule qu’elle peut générer."

Massonet ajoute aussi que, de plus, "ce 3 septembre, le photographe de l’AFP était «de pool». C’est-à-dire qu’il prenait non seulement des photos pour notre agence, mais aussi pour nos concurrents Reuters, AP et EPA.  (...) Etre «de pool» suppose une responsabilité particulière. (...) Il faut éviter les angles insolites ou trop réducteurs, susceptibles de sortir l’image de son contexte ou d’en détourner le sens."

Lucide, Massonnet constate que supprimer cette photo a eu un effet contraire, les réseaux sociaux se sont jetés dessus : "cette image, somme toute assez banale et très loin d’être scandaleuse en soi, serait sans doute passée plutôt inaperçue (l’AFP publie en moyenne 2.500 photos par jour) si nous n’avions pas attiré l’attention sur elle en demandant à nos clients de l’éliminer."

Et il conclut en évoquant "l'effet Streisand" : "En 2003, la star américaine Barbra Streisand avait vainement tenté de faire retirer de la circulation une photo aérienne de sa résidence de Malibu" Mais elle a perdu son procès et la photo "jusqu’alors confidentielle, avait acquis une célébrité mondiale."

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