Pérol, lobbyiste bancaire : scoop à retardement
Dan Israel - - 0 commentairesC'est une information connue depuis septembre, mais qui n'a fait quasiment aucun bruit.
Ce matin sur France Inter, le journaliste spécialisé en économie Philippe Lefébure a raconté comment une entreprise de lobbying a calmé les ardeurs anti-banques des députés européens durant l'été. Commanditaire de cette action : François Pérol, le patron du groupe Banque Populaire Caisse d'Epargne, ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée et dirigeant de la Fédération bancaire française… |
L'information vient du député Europe Ecologie Pascal Canfin, qui lance aujourd'hui les premiers travaux devant aboutir à la création de Finance Watch, un "Greenpeace de la Finance". Le but est de créer un contre-lobby à Bruxelles, capable d'opposer des arguments construits et structurés au lobby bancaire, en ayant recours, si besoin, à des coups d'éclat médiatiques. Canfin expliquait hier ses objectifs à La Croix.
Ecoutez Lefébure raconter l'anecdote et les ambitions de Canfin :
Le journaliste ne le dit pas, mais l'information concernant Pérol n'est pas neuve. Elle a été révélée le 7 septembre 2010 par La Tribune¸ et relayée par le syndicat Sud le mois suivant. Le cabinet Business Bridge Europe avait été embauché par Pérol parce que certains députés européens envisageaient de voter un amendement limitant à 500 000 euros maximum le salaire d'un patron de banque qui bénéficierait d'une aide de l'Etat. Pourquoi cette info n'a-t-elle pas été reprise à grande échelle par les médias ? Mystère…
Les lobbyistes ont-ils été convaincants ? L'amendement n'a en tout cas pas été repris dans la directive européenne votée en juillet par le Parlement. Il n'y aura donc pas de limite aux salaires des patrons. Le texte définitif oblige seulement les banques, dès cette année, à plafonner la part variable dans la rémunération totale de leurs traders et dirigeants, selon un ratio fixé par l’Autorité bancaire européenne. Elle leur impose aussi de ne verser immédiatement que 30% des bonus : le reste sera versé au moins trois ans plus tard, et devra être revu à la baisse en cas de résultats financiers moins bons que prévus pour la banque.