Pas de modèle économique pour le gaz de schiste ? (NYT/Owni)

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Le nouveau trésor minier est-il en train de faire pschitt ? Il y a un an, Le Figaroprésentait l'exploitation des gaz de schiste

des gaz enfermés dans des roches profondes et dont l'extraction nécessite des techniques particulièrement polluantes et coûteuses− comme un nouvel eldorado. Un an après, le New York Times, repris par le site Owni, publie une enquête démontrant l'impasse du secteur : le modèle économique de l'exploitation des gaz de schiste reposerait sur de fausses évaluations. Ou comment une bulle économique serait passée pour un nouvel eldorado.

Le 27 juin 2011, le New York Times a publié une enquête sur la base de "centaines de communications internes au secteur de l’énergie", signale Owni. "Etalés sur trois ans, les échanges portent sur tous les aspects de cette nouvelle industrie, et principalement sur les gisements du Sud-Est Etats-Unis (Barnett shale et Haynesville shale)". Qu'en conclure ? Que les réserves de ces gaz ont d'abord été surévaluées. Alors que la société Chesapeake, un groupe industriel texan, avait estimé que ces réserves pourraient être exploitées pendant près de 50 ans, certains géologues ont revu ces estimations à la baisse : il pourrait n'y en avoir que pour 20 ans. Or, de la durée d'exploitation dépend la rentabilité du secteur. Selon un mail d'un responsable du fonds d’investissement PNC, "l’argent coule à flot pour profiter de cette nouvelle «nouveauté» que constitue ce secteur de l’énergie qui est fondamentalement non rentable".

Face à une activité qui nécessite d'importants investissements, la société Chesapeake, bientôt côtée en bourse, aurait multiplié les artifices comptables, selon une note d'une société d’investissement citée par le New York Times : "Pour se procurer du cash, la compagnie a ainsi recours à des «volumetric production payments», sorte de bons par lesquels elle commercialise sa future production gazière contre paiement immédiat. Or, au lieu de marquer le gaz déjà vendu par ce procédé en dette dans ses bilans comptables, Chesapeake gonfle artificiellement sa production en le signalant comme stock. Un gaz dont certains doutent seulement qu’il soit jamais produit…", précise Owni.

Du cash qui alimente artificiellement un secteur non rentable : l'exploitation des gaz de schistes est-elle un château de cartes prêt à s'effondrer comme le système des subprimes ? D'après le New York Times, sur les 10 000 puits exploités par Chesapeake, certains sont effectivement rentables mais dans certaines régions, l'exploitation ne couvrirait pas les coûts. Et ce n'est pas prêt de s'arranger tant que les cours des hydrocarbures n'augmentent pas. Certaines sociétés d'exploitation auraient tenté de cacher cette situation en évacuant la question de la rentabilité grâce à une communication axée exclusivement sur l'exploitation de nouveaux gisements. Reste une question : que faire aujourd'hui des puits non rentables ? Dans un des nombreux mails publiés par le New York Times et repris par Owni, un cadre de la société de service pétrolier Schlumberger croit avoir trouvé la solution : "Il suffit de revendre les puits pourris à des gogos, «il y a toujours un plus gros pigeon»."

Un nouvel élément pour notre dossier "Nucléaire, gaz de schiste, brûlants débats".

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