Pas de diversité dans les médias français : et aux US ?

Robin Andraca - - 0 commentaires

Dans le numéro spécial banlieue de Libération daté du 26 octobre, Widad Ketfi, journaliste au Bondy Blog, publie une lettre ouverte aux directeurs de rédaction pour dénoncer le manque de diversité au sein des rédactions françaises. Aux États-Unis, où les statistiques ethniques sont autorisées, les rédactions ne sont pas non plus représentatives de la société américaine.

C'est ce qui s'appelle parler clair. "La caste blanche, riche, parisienne, digne héritière, domine les médias mainstream. Si les statistiques ethniques sur les salariés n’existent pas, elles brillent pourtant par leur flagrance : aucun journaliste noir à Libération, à peine plus au Monde, où les journalistes non blancs se comptent sur les doigts d’une main. Idem pour Mediapart, qui par son indépendance et sa ligne devrait être exemplaire", regrette Widad Ketfi, dans une tribune publiée dans Libération, dans un numéro spécial intégralement rédigé par des journalistes du Bondy Blog.

"Pendant ce temps, on n'a de cesse de crier aux affres du repli identitaire des minorités vers des médias dits «communautaires», mais les médias les plus repliés sur eux-mêmes sont en réalité les médias classiques", écrit la journaliste, pour qui il est nécessaire aujourd'hui "d'ouvrir les rédactions à des journalistes de milieux différents".

Interrogé sur le sujet, le directeur adjoint de la rédaction de Libé, Johan Hufnagel, estime que la fragilité économique traversée par la presse écrite est la principale responsable de cette situation. "Les changements sont trop longs par rapport à l’urgence des attentes d’une génération, c’est une évidence. Nous nous sommes efforcés, dans la restructuration du journal, de tendre vers la parité hommes-femmes au sein de la rédaction et de la rédaction en chef". Pour la diversité, on verra plus tard donc.

Aux États-Unis, plus de chiffres mais le même manque de diversité

Et aux États-Unis, où les statistiques ethniques sont autorisées ? Le problème reste sensiblement le même. Selon les chiffres fournis par la société américaine des rédacteurs de journal (ASNE), les minorités ethniques représentent en 2015 12,7% des employés de presse écrite aux États-Unis, alors que ces mêmes minorités représentent au total 37% de la population américaine.

Alors qu'en France, Le Monde, Libé ou Mediapart n'emploieraient aucun journaliste noir, ou presque, les rédactions américaines font à peine mieux : selon les chiffres de l'ASNE, seuls 4,7% des journalistes de presse écrite sont noirs. Même chose pour les latino-américains, qui ne représentent que 4,2% des journalistes du secteur.

Pour la parité, outre-Atlantique, ce n'est pas non plus gagné. Dans les rédactions de presse écrite, 63,9% des employés restent des hommes.

L'occasion de revoir notre émission : "Journaux, plateaux, JT : où sont les femmes ?".

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